Les opérateurs français changent de stratégie vis-à-vis de l’Algérie

Les opérateurs français changent de stratégie vis-à-vis de l’Algérie

Les entreprises françaises ne critiquent plus les dispositions prises par les autorités dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009. Elles souhaitent, désormais, comprendre la nouvelle politique économique afin de s’y adapter.

C’est là l’un des principaux messages lancés, hier, par la délégation du Mouvement des entreprises de France (Medef) qui a pris part au forum d’affaires organisé à l’hôtel Sofitel d’Alger sous le thème «Partenariat algéro-français, un nouveau regard».

Après le choc ressenti, suite à la promulgation de la loi de finances complémentaire, qui avait introduit, entre autres, de nouvelles dispositions sur le commerce extérieur et les IDE, les opérateurs français veulent désormais tourner la page des critiques et des commentaires afin de concevoir une autre politique de coopération avec l’Algérie.

Le président d’honneur du Medef, François Perigot, coprésident de la rencontre économique algéro-française tenue hier à Alger, a appelé, lors de son intervention, à la confiance et la compréhension. «Arrêtons de nous chamailler», a-t-il indiqué en expliquant que «chaque pays essaye de se défendre comme il peut en raison de cette crise financière». Pour le président d’honneur du Medef, l’inquiétude des opérateurs français est expliquée par le fait que l’Algérie est le premier client en Afrique.

«Nous sommes les premiers fournisseurs de l’Algérie. C’est donc une position difficile, après ces décisions prises. Nous recevons un véritable choc. C’est pour cette raison qu’on vient, ici, pour rappeler tout ce que nous avons fait et édifié ensemble», a-t-il souligné devant une assistance composée de hauts responsables, de chefs d’entreprises, de banquiers et divers organismes économiques. M. Perigot a insisté, lors de son intervention, sur la réanimation de la volonté de coopération et de confiance.

«La délégation française est venue comprendre, connaître et coopérer. Nous ne sommes pas menacés par les décisions prises par l’Algérie. La France veut participer à la production, à l’emploi et à la formation, aux transferts de technologies et aux investissements. Nous n’aurons pas à rougir de ce qu’on fait ensemble», a-t-il encore préciser en avouant en ces termes : «je ne fais pas de sentimentalisme de vieillard. Je dis ce que je pense réellement. Aujourd’hui, nous ne remettons pas en cause tout ce qui a été fait. Nous sommes des amis et ça vient du cœur.»

Les propos conciliateurs et diplomates du président d’honneur du Medef ont été soutenus par la présentation de chiffres sur la coopération entre les deux pays. Le modérateur de la conférence, Thierry Courtaigne, membre du Medef, qui a dirigé les travaux de cette rencontre, a fait part de données réconfortant l’intervention de M. Perigot.

La France est le premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie et le deuxième en incluant le secteur pétrolier. En 2007, le montant des IDE a été de 229 millions de dollars avant d’atteindre les 320 millions en 2008. Le stock des IDE français est chiffré à 4,3 milliards de dollars. Le modérateur du forum a rappelé également que 420 filiales françaises sont en activité en Algérie employant de manière directe

35 000 employés.

Les attentes du FCE

En dépit de l’optimisme français, le président du FCE, Réda Hamiani, a été plus explicite sur les attentes des entreprises algériennes quant à la coopération entre les deux pays. Dans son discours inaugural, il a affirmé que «la part de la France en matière d’investissements est encore relativement modeste et ne correspond pas aux attentes en la matière. Néanmoins, il faut le reconnaître, elle est en progression» et que le partenariat doit «être équilibré fondé sur des alliances stratégiques».

L’autre vœu exprimé par le FCE est celui de la reconstruction du partenariat d’exception, scellé en 2003 lors de la visite de l’ex-président Jacques Chirac en Algérie. Le président du FCE a plaidé également pour la création d’une banque d’investissements et d’un fonds de garantie de l’investissement, «dont la nécessité s’avère aujourd’hui incontournable pour soutenir, fortifier et rendre plus faciles les futures relations».

F. B.