Producteurs et exportateurs de dattes comptent sur l’aide de l’Etat pour bien se positionner sur les marchés européens et asiatiques. Il est prévu d’exporter 60 000 tonnes en 2013 si les conditions d’aide à l’exportation sont réunies. Les opérateurs espèrent qu’à l’horizon 2014 la datte fera bénéficier le Trésor public de 100 millions de dollars.
Les exportateurs de dattes de Tolga, dans la wilaya de Biskra, ont tout dernièrement regretté que «des quantités de dattes importantes ne trouvent pas encore preneur». Des silos de plusieurs quantités provenant des 500 000 tonnes n’arrivent pas à être écoulés sur les marchés potentiels. Aujourd’hui, il semble que la production de 600 000 tonnes réalisée en 2009 trouve difficilement place sur les marchés extérieurs. Seulement 12 000 tonnes ont été exportées.
C’est dire tout l’embarras des exportateurs qui ont récemment manifesté leur mécontentement. L’un des représentants de la Société de production de dattes de Biskra déplore «les insuffisances sur le plan organisationnel et commercial de l’exportation de ce produit phare». Pourtant, le ministre de l’Agriculture a maintes fois appelé à «l’organisation du circuit d’exportation en commençant par les opérations de ciblage des marchés les plus demandeurs».
Dans cette optique, les pouvoirs publics ont voulu que le circuit de l’exportation soit exploité et encadré par des professionnels avec l’assistance des institutions publiques telles que Algex et les sociétés de transport maritime.
Tout récemment, le ministère de l’Agriculture a fait part de l’extension du crédit RFIG au profit des producteurs de dattes. La certification et la labellisation du produit sont désormais obligatoires pour les opérations destinées à la promotion du produit sur les marchés extérieurs.
Ces opérations étaient au départ censées aider les exportateurs à accompagner leurs produits vers des destinations lointaines : les USA, le Canada et certains pays d’Asie. Mais, d’autres pays tels que la Malaisie, la Pologne et la Hollande sont des pays où la datte est un produit très demandé. Or, le circuit du marché européen reste, selon une source de Biskra, bien protégé et se limite à des quotas précisés dans les contrats d’achat.
En revanche, les sociétés d’exportation d’El Oued et Biskra ont parié sur le marché américain où la demande reste la plus forte. M. Henderson, un expert américain en exportation des produits agroalimentaires, avait expliqué en 2008 que «l’Algérie peut exporter de gros quotas de dattes vers le marché américain avec des avantages de réduction tarifaire sur les produits».
En effet, l’opportunité du marché américain se présentait comme une «offre commerciale « favorable étant donné que les recettes attendues en devises avaient toutes les garanties à terme. Sur un autre plan, la guerre des tarifs des produits destinés à l’exportation annonce une tendance à l’anarchie.
Selon M. Merouani, un gros producteur de dattes à Biskra, «on ne peut maîtriser actuellement les prix du fait que ceux qui opèrent sur le marché mélangent les récoltes de l’année avec celles de l’année précédente». Un aveu qui confirme que «les prix du marché extérieur dépendent de la qualité du produit, de l’emballage et du coût des transports et de l’assurance sur la marchandise « indique ce gros producteur.
De ce fait, les producteurs et exportateurs se plaignent assez souvent du manque d’informations et de statistiques sur les besoins des marchés extérieurs. «C’est le rôle des chambres de commerce et des dispositifs mis par l’Etat qui sont censés nous aider» déplorent ces exportateurs. En attendant, les pouvoirs publics en charge du dossier d’exportation promettent une aide à travers les facilités douanières et de transport de ce produit.
L’Algérie, deuxième exportateur mondial L’Algérie se classe actuellement au deuxième rang mondial en matière de production et d’exportation de dattes. Elle pourrait bientôt devenir le premier exportateur mondial. Avec plus de 12 millions de palmiers-dattiers, le pays compte mettre à profit son principal atout agricole pour constituer une économie diversifiée et durable.
Le nouveau plan agricole vient à point nommé pour mettre en valeur la stratégie à l’exportation. Les producteurs seront accompagnés dans leurs efforts de promotion du produit dans des marchés ciblés. Le «couloir vert» est certainement l’initiative qui offrira aux exportateurs de dattes une assistance financière liée aux impôts, aux douanes et à l’administration.
Chaque quota destiné à l’exportation bénéficiera d’un emballage et d’un étiquetage spécifiques aux normes standard. Les analyses du service qualité ne seront plus supportées par le producteur. Il y a un an, le ministère de l’Agriculture, en concertation avec certains producteurs, avait lancé l’idée de création d’une société destinée à promouvoir les produits locaux, notamment les dattes, les raisins et les olives, promettant de compenser le manque de soutien connu par le passé.
Pour Salim Haddoud, producteur de dattes à Tolga et président du Comité interprofessionnel de la datte, «l’atteinte de cet ambitieux objectif et la réalisation de ces performances doivent être accompagnées par l’amélioration de la chaîne logistique et, surtout, les moyens de transport, condition sine qua non pour voir le volume d’exportation de datte quintupler en l’espace de 4 à 5 années».
L’exportation de la datte algérienne connaît, ces derniers temps, une relative amélioration, en ce sens qu’elle se classe parmi les produits agroalimentaires les plus commercialisés sur le marché international, et rapporte plus de 20 millions de dollars chaque année. Biskra se place en tête Les statistiques font apparaître des niveaux de production record dans la wilaya de Biskra, qui compte 4,1 millions de palmiers-dattiers, dont 60 % (2,5 millions) sont de la variété Deglet Nour, la «reine des dattes».
De plus, la région compte 550 000 arbres de la variété molle blanche. Il faut savoir que cette année, la récolte devrait atteindre 6 millions de quintaux, selon les prévisions du ministère de l’Agriculture.
Pour la région d’El Oued, il est attendu 2 millions de quintaux sachant qu’en octobre dernier, la production était de l’ordre de 1,891 million de quintaux. Selon le ministre, cette augmentation est due aux divers programmes de développement agricole lancés par les autorités, ainsi qu’au niveau de suivi de la santé des plants et du traitement préventif de plusieurs maladies susceptibles d’affecter les palmiers-dattiers.
Un programme d’intensification de la production dattière ambitionne d’exporter 60 000 tonnes en 2013. La production devrait passer ainsi de 5,954 millions de quintaux à 8,285 millions en 2013. Aussi, indique-t-on, le ministère prévoit-il la plantation de 10 000 hectares de palmiers. Il est à noter que les palmiers-dattiers couvrent actuellement quelque 160 000 hectares.
Un potentiel dont l’Algérie peut s’enorgueillir pour le valoriser à l’horizon 2015. Rappelons qu’en 2009, la production de dattes a atteint 5 861 millions de quintaux, et elle devrait dépasser la barre des 6 millions pour l’année 2010, selon le ministère de l’Agriculture.
Deglet Nour, la reine des dattes, toujours en vogue Deglet Nour reste la variété de dattes la plus prisée par les consommateurs. Les deux tiers des palmiers-dattiers donnent plus de récolte de cette variété aux qualités nutritives particulièrement appréciées.
Aujourd’hui, le label Deglet Nour fait fureur sur les marchés extérieurs, et même sur le plan de sa commercialisation. Une logistique de vente s’est constituée récemment pour l’imposer sur les marchés de proximité (Mauritanie, Niger, Libye). Mais la bataille pour ainsi dire ne fait que commencer. Des exportateurs arrivent tout juste à écouler, bon an mal an, pas plus de 10 000 tonnes alors que des quantités importantes peinent à être écoulées sur d’autres marchés.
Pour la Deglet Nour, il faut savoir que beaucoup d’unités de conditionnement ont été créées pour stocker et emballer toutes ces quantités. Un premier travail de création du label «Deglet Nour» a déjà été entamé sous les auspices des experts de l’INRA, le ministère de l’Agriculture et celui du Commerce.
On explique que cette variété de datte aura son appellation d’origine contrôlée avec circonscription géographique qui indique le lieu où est produite cette variété (Tolga à Biskra). Cette conformité devrait être indiquée sur les étiquettes d’emballage pour lever toute confusion sur son origine.
De plus, un cahier des charges sera remis aux opérateurs pour préciser toutes les spécificités du produit et ses qualités intrinsèques. Il faut ajouter à cela une évaluation périodique de la commercialisation et de la promotion du label hors marché local. Un travail qui sera conduit par des spécialistes en phoeniciculture et les opérateurs dans le cadre de la nouvelle structure de la filière.
Plusieurs exportateurs ont émis le souhait de bien surveiller nos frontières où la pratique du troc est courante. Soulignons enfin l’arnaque que subissent certains de nos exportateurs en constatant que sur des marchés européens ou américains, la Deglet Nour est vendue sous le label tunisien. «La compétitivité de Deglet Nour est aujourd’hui compromise par ces pratiques», constate un exportateur de Oued Souf.
D’où une vigilance accrue qui est demandée aux autorités pour surveiller et contrôler les flux d’échanges entre frontières. Mais pas seulement : les exportateurs exhortent les autorités en charge du dossier d’exportation à « certifier les vrais exportateurs « afin d’éviter la présence des spéculateurs et intermédiaires non agréés. En clair, c’est tout le circuit du marché de Deglet Nour qui exige d’être restructuré.
F. A.