Les attaques marocaines contre l’Algérie prennent désormais des proportions telles qu’elles menacent sérieusement les relations, déjà si aléatoires, entre les deux pays. Quasiment, tous les officiels s’y mettent : le Roi, bien sûr, mais aussi tous les responsables gouvernementaux et diplomatiques du royaume. Le ton est agressif, sans la moindre nuance et sciemment provocateur.
Ce n’est certes pas la guerre, mais pas tout à fait la paix, non plus ! Mercredi dernier, deux membres du gouvernement du palais, en l’occurrence les ministres de l’Intérieur et de la Communication, reviennent à la charge. Ce dernier ira même jusqu’à s’en prendre à la presse algérienne qu’il traitera de manière méprisante, insinuant qu’elle n’était qu’un instrument de propagande entre les mains du pouvoir algérien. Pour El Khalfi, «la presse marocaine est indépendante». Entendre, son homologue algérienne ne l’est pas.
D’ailleurs, «Le Maroc, quand il veut exprimer une position, il le fait d’une manière claire et directe». En revanche, précisera-t-il, en oubliant tout de même de préciser au passage que la presse algérienne a arraché son indépendance des années avant que le Makhzan ne tolère une petite ouverture sous contrôle : «La campagne médiatique haineuse menée par certains medias algériens et qui prend parfois des aspects nettement hostiles en particulier à propos de l’affaire du Sahara».
Lui-même, fait-il autre chose qu’une campagne médiatique, politique et diplomatique à la limite d’une vraie déclaration de guerre, contre l’Algérie ? Aucun discours royal, depuis Hassan II à nos jours, le dernier étant celui de Mohammed VI le 30 juillet dernier, n’a jamais épargné l’Algérie.
«Amir El Mouminine» qui s’exprimait à l’occasion du quinzième anniversaire de son intronisation n’a pas manqué de nous réserver notre «dose» habituelle. Pour lui, c’est l’Algérie qui bloque l’édification de l’union du Maghreb arabe, qui s’entête à maintenir ses frontières fermées au détriment des aspirations des peuples de la région etc. Sauf que, notre prestigieux voisin a oublié de rappeler les circonstances qui avaient poussé l’Algérie à fermer ses frontières, en 1994.
L’Algérie qui, à l’époque, faisait face à un terrorisme d’une ampleur inégalée, sera indécemment accusée d’avoir commandité les attentats de Marrakech au moment même où Rabat refusait d’extrader un dangereux émir du GIA, Abdelhak Layada. Hassan II voulait même en faire une carte de chantage pour amener ses voisins de l’Est à abandonner leur position par rapport au peuple sahraoui.
Ces mêmes frontières d’où nous proviennent, de nos jours, de gigantesques quantités de drogue. Des quantités tellement gigantesques qu’elles dénotent une réelle volonté de nuisance qui anime leur pays de provenance. Le même «travail» nocif est également accompli par les services marocains du côté de nos frontières sud avec le Mali, où le Makhzen instrumentalise même un groupe terroriste dans l’objectif d’entretenir un foyer de tension pour déstabiliser l’Algérie. Plus que jamais isolé sur la scène internationale au sujet du dossier sahraoui, Rabat, c’est connu, recourt systématiquement à cette diversion depuis 1975.
Les desseins expansionnistes du royaume chérifien ne datent ni d’aujourd’hui, ni depuis «la marche verte», ni ne concerne seulement que le Sahara occidental. Le Maroc, qui ne cesse de revendiquer la réouverture des frontières avec l’Algérie n’a, en réalité, jamais reconnu ces mêmes frontières ! C’est le seul pays, en effet, avec lequel le bornage des frontières n’a jamais été fait avec l’Algérie indépendante…
K. A.