Tout en affichant sa satisfaction quant à la collaboration des autorités algériennes, le chef de la mission d’observation de l’UE a averti que le rapport final, qui sera rendu public en juillet, sera impartial.
Signe d’un réel engagement des autorités pour un scrutin transparent ou discours diplomatique de circonstance ? Le chef de la mission d’observation électorale de l’Union européenne, José Ignacio Salafaranca, s’est montré, hier, satisfait de “la coopération des autorités algériennes” et de “l’accueil réservé par la population et les partis” à la présence des observateurs européens en Algérie.
Lors d’une conférence de presse animée à Alger, M. Salafaranca a indiqué que “la présence des observateurs est appréciée par la population et les partis politiques”.
“On est content de l’accueil de la population et des partis politiques”, a-t-il affirmé. M. Salafaranca, qui s’est rendu lui-même à Constantine et à Annaba, a également salué la coopération des autorités algériennes. “La coopération se passe bien. Nous allons suivre la journée électorale. C’est une coopération satisfaisante, que ce soit avec les institutions, les partis ou la société civile”, a-t-il dit.
Interrogé pour savoir si la mission a rencontré des “obstacles” ou si les observateurs ont relevé des dépassements, cet ancien observateur des élections au Mexique, au Pérou et au Liban a affirmé que “nous sommes satisfaits du travail des observateurs.”
“Mais, je ne peux pas faire de remarques anticipées”, a-t-il toutefois précisé.
“J’ai vu le Conseil constitutionnel et la Commission de supervision des élections, nous avons constaté beaucoup de transparence. Mais nous réservons notre appréciation finale après la conclusion des élections”, a-t-il dit. Même le fichier électoral, objet de polémique, pourrait être mis, dans les prochaines heures, entre les mains de la commission.
“J’ai vu le ministre de l’Intérieur pour pouvoir disposer du fichier électoral. Il a montré sa disponibilité et m’a promis de me répondre très rapidement, peut-être dans les prochaines 24 heures”, a indiqué M. Salafaranca. Mais, en dépit de ce satisfecit, la mission tient à garder son indépendance à effectuer un travail professionnel, sans complaisance. “Nous sommes venus en tant qu’observateurs et en tant qu’amis de l’Algérie. Nous allons faire une évaluation du processus électoral de façon impartiale. On connaît la situation du pays, la situation dans la région et dans l’UE, mais nous ne sommes pas venus pour donner un chèque en blanc aux autorités algériennes”, a affirmé
M. Salafaranca, en réponse à une question de savoir si leur présence ne risque pas d’être perçue comme un soutien au régime. “Notre mission sera à la hauteur de notre engagement vis-à-vis du peuple algérien”, a-t-il assuré. Sur le faible engouement des électeurs durant la première semaine de la campagne, relevé par de nombreux observateurs et les journalistes, M. Salafaranca a estimé que “le taux de participation va être un élément important”. “Nous avons pris le pool (…), il y a des forces politiques qui mobilisent, il y en a d’autres moins. Mais je ne peux faire une appréciation globale.” Quant aux accusations proférées par un journal arabophone et selon lesquelles deux observateurs se seraient livrés à l’espionnage, le parlementaire européen soutient que “la mission est respectueuse des lois”. “C’est un malentendu. On est ici dans une mission amicale. Nous ne sommes pas des espions et nous ne voulons pas interférer dans les élections. Il y a peut-être un excès de zèle, une mauvaise interprétation. Mais je ne donne pas d’importance à cela”, a dit M. Salafaranca.
La mission, qui déploie une dizaine d’observateurs à Alger et une quarantaine à long terme dans les 48 wilayas du pays, attend l’arrivée dans les prochaines heures d’une soixantaine d’observateurs. Une déclaration liminaire contenant des recommandations est attendue dans les prochaines 48 heures. Mais il faut attendre la fin des élections et l’élaboration du rapport final pour avoir une appréciation définitive sur le processus électoral. Le rapport sera rendu public et présenté à Mme Ashton, aux institutions algériennes, à la société civile et aux partis politiques. “Nous allons faire une évaluation objective, indépendante et neutre du processus électoral. Ça sera un rapport public et j’aurai l’opportunité de le présenter”, a conclu M. Salafaranca. Le coût de la mission, financé par l’UE, a été estimé à 3,5 millions d’euros.