Les objectifs d’exportation de gaz compromis

Les objectifs d’exportation de gaz compromis

La revue spécialisée Pétrole et gaz arabes n’a pas manqué, dans sa dernière livraison, de souligner les incidences du scandale de corruption qui a affecté Sonatrach sur les performances de la compagnie nationale au regard du bouleversement du marché mondial.

Les premiers impacts du «scandale Sonatrach» sur les affaires de la compagnie commencent à se faire sentir. «Le secteur des hydrocarbures en Algérie a connu un premier semestre 2010 on ne peut plus tumultueux», écrit le magazine spécialisé Pétrole et gaz arabes, dans son édition du mois d’août.



Rembobinant le film du scandale de corruption qui a ébranlé l’entreprise Sonatrach, les experts de Pétrole et gaz arabes estiment qu’«un contexte politique et judiciaire aussi délicat – les investigations concernant

Sonatrach devraient se poursuivre pendant de longs mois au moins – ne favorise pas une prise de décision sereine pour les responsables du secteur énergétique» fraîchement désignés pour remettre l’entreprise sur les rails.

L’onde de choc de ce «contexte politique et judiciaire» a affecté l’image de Sonatrach à l’étranger, puisque «le dernier appel d’offres international pour l’exploration n’avait pas été un grand succès avec, au moment de l’ouverture des plis en décembre 2009, seulement trois attributions pour dix permis offerts», écrit Pétrole et gaz arabes.

Pour mémoire, les trois permis offerts concernent celui d’Ahnet attribué à Total/Partex, celui du sud-est d’Illizi à Repsol/GDF-Suez/Enel et Hassi Bir Rekaiz à PTTEP/CNOOC. Selon la même source, les prévisions et les projets de l’Algérie dans le domaine du gaz risquent de subir également, à court et à moyen termes, les contrecoups de l’affaire Sonatrach, toujours en instruction.

La période récente, lit-on dans le même canard, n’a par ailleurs pas été marquée que par de bonnes nouvelles, puisque l’objectif de 85 milliards de mètres cubes par an pour les exportations gazières du pays «a été repoussé à plusieurs reprises et n’était envisagé dernièrement qu’à partir de 2014 au lieu de 2010 initialement».

Selon des chiffres diffusés récemment par l’agence Cedigaz, il est indiqué que les exportations algériennes de gaz ont connu un recul de 10% en 2009. En volume, l’Algérie a exporté pour 52,67 milliards de mètres cubes contre près de 59 milliards de mètres cubes en 2008. C’est dire que l’objectif d’atteindre les 85 milliards de mètres cubes d’exportation de gaz n’est pas pour demain, alors que le volume était prévu à l’exportation dès 2010.

Cette situation est due aux retards accusés dans la réalisation de certains projets gaziers, à l’instar du gazoduc Medgaz qui devrait relier l’Algérie au royaume ibérique via des connexions sous-marines. Prévue pour 2009, la mise en service de ce gazoduc interviendra vers la fin de l’année en cours si le calendrier est maintenu et inchangé.

Selon Cedigaz, la production commercialisée de gaz de l’Algérie aurait baissé de 6% durant l’année écoulée, s’établissant à environ 81,2 milliards de mètres cubes seulement. Selon les explications de Pétrole et gaz arabes, le recul de la production et des exportations de l’Algérie en gaz «n’est pas dû à un problème d’offre, mais à l’évolution de la demande».

D’après les prévisions des experts de Pétrole et gaz arabes, appuyées par les estimations d’autres spécialistes des questions énergétiques, l’Algérie ne risque pas de concrétiser sous peu son objectif d’exporter 85 milliards de mètres cubes par an à compter de 2014.

«Même repoussée à 2014, l’obtention de l’objectif de 85 milliards de mètres cubes pour les exportations de l’Algérie n’est pas garantie à moyen terme, puisque plusieurs experts estiment que la bulle gazière ne sera pas résorbée avant 2015», lit-on dans le même magazine, très au fait, faut-il le souligner, des développements des marchés pétroliers et gaziers.

Pour ainsi dire, le secteur gazier de l’Algérie fait face à plusieurs défis, alors que l’instruction en cours risque d’atteindre d’autres paliers, jusqu’ici épargnés par l’onde de choc d’un gros scandale de corruption.

Ali Titouche