Des personnalités targuies d’Illizi dénoncent la rencontre ayant regroupé, il y a une vingtaine de jours environ, des «représentants» de notables de la wilaya et le ministre de l’Intérieur, contestant la représentativité des personnes reçues par le ministre.
Les contestataires parmi les notables, rencontrés hier à Alger, évoquent une «éventuelle tromperie dont a été victime le ministre». Ibrahim Belkhir, artiste, président de l’association Amzart, Djelloul Wawane, membre du conseil national de l’académie de la société algérienne,
d’Illizi, Brahim Ghouma, sénateur du tiers présidentiel, responsables des sages Tassili Azedjare, et Tayeb Damkale, du conseil des sages de l’Ahaggar, dans la wilaya de Tamanrasset, fustigent les personnes reçues par le ministre et se déclarant comme représentants des tribus de la wilaya d’Illizi.
«La seule personne représentant des grandes tribus de la wilaya d’Illizi est le cheikh Brahim Ghouma. Les traditions n’ont pas été respectées. Tout a commencé en 2010 lorsque le président de la République a demandé la création de la commission nationale de citoyenneté, représentant les 48 wilayas du pays.
Nous avons présenté un rapport remis au président de la République, au Premier ministre, au ministre de l’Intérieur et au wali pour information. On nous a informés que le rapport se trouve au niveau du ministère de l’Intérieur pour étude après son approbation par le président de la République et on ne nous a adressé aucune réponse.
C’est en 2010, après la demande faite par le président de la République, que cet individu, d’origine mauritanienne, a commencé à faire dans la manipulation, pour s’imposer illégalement comme «représentant» selon Brahim Belkhir, Djelloul Wawane, Brahim Ghouma et Tayeb Dahkale.
Les contestataires rappellent que la réunion des «représentants» mis en cause par eux avec le ministre de l’Intérieur, préparant la création de «madjliss el aâyane» (conseil des sages) du Sud. «C’est le peuple qui doit choisir les membres de ce conseil et la population d’Illizi, et on dénonce cette manipulation», ajoutent-ils.
Les contestataires selon lesquels cette affaire n’a aucun lien avec les événements ayant lieu actuellement en Libye ne cachent cependant pas leurs craintes que «cet individu pourrait tenter de provoquer en Algérie ce qui se passe en Libye». «Nous avons pris attache avec le wali d’Illizi qui nous a répondu qu’il ignorait tout de l’affaire.
Nous nous interrogeons comment ces individus ont été choisis comme notables et représentants des grandes tribus d’Illizi. Les traditions pour entrer en contact avec les vrais notables et représentants par le biais du wali et de cheikh Brahim Ghouma n’ont pas été respectées», dénoncent-ils.
«Moi-même j’ai été contacté par un cousin à moi, partisan de l’individu qui se présente illégalement comme étant un représentant targui, pour me demander de ne pas leur faire des entraves, c’est vous dire qu’ils tiennent à aller jusqu’au bout de la manipulation», dira Djelloul Wawane.
Communiqué des targuis Tassili Azedjare
Dans un communiqué dont nous possédons une copie, les cheikhs et chefs des tribus de la région du Tassili Azedjare, dans la wilaya d’Illizi, «après consultation avec les sages, dénoncent le niveau de représentativité de ce qui est appelé représentants des sages de la wilaya d’Illizi et ceux qui ont rencontré le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales,
du fait de l’importance du sujet et de son caractère sacré et le caractère dangereux de la position, le moment choisi et la manière qui n’ont pas respecté les traditions de la région du Tassili Azedjare dans la wilaya d’Illizi». Le moment choisi renvoie aux événements ayant lieu en Libye.
«L’individu d’origine mauritanienne dont nous vous avons parlé et ses partisans nous ont annoncé qu’ils allaient revendiquer les droits des habitants de la région. Nous craignons qu’il soit question de la préparation de perturbations.
Nous avons toujours été pour les revendications de manière pacifique et nous ne savons pas ce que ces individus préparent pour la région», diront Ibrahim Belkhir, Djelloul Wawane, Brahim Ghouma et Tayeb Dahkale. Dans le communiqué, les notables et sages de la région écrivent :
«Nous avertissons l’ensemble quant à l’exploitation des erreurs que nous souhaitons involontaires et non destinées à l’atteinte de la stabilité de la région et la sécurité de ses citoyens, comme nous refusons que des personnes étrangères parlent au nom des habitants de la région».
«Nous estimons les efforts consentis par l’Etat dans la mobilisation de ses citoyens et le développement de la wilaya d’Illizi, la stabilité de ses citoyens et la paix dans la région», est-il écrit dans le communiqué.
«Nous nous engageons à défendre notre pays contre les atteintes à sa sécurité et à sa stabilité»
Les notables et sages de la région Tassili Azedjare écrivent, dans le même communiqué : «Nous exprimons à l’Etat algérien notre compréhension par rapport à ce qui se passe comme événements à travers le pays et l’apparition de quelques infiltrés pour l’exploitation des situations prévalant autour de nous, pour faire valoir nos revendications sociales et économiques dans différents domaines de la vie s’exprimant en notre nom.
Nous nous engageons devant nous-mêmes et devant l’Etat algérien d’éloigner tout mal qui frapperait sa sécurité et sa stabilité». Le message est clair, évoquant, sans les citer, les menaces représentées par le terrorisme, dans la région du Sahel et les événements se déroulant en Libye.
Par Mounir Abi