C’est une affaire franco-française, mais elle dénote que l’indépendance de l’Algérie est restée bloquée au niveau d’innombrables gorges en France, en particulier quand des échéances électorales s’annoncent, la question de la « reconnaissance de la responsabilité » de Paris dans « l’abandon et le massacre des harkis » revient d’une manière récurrente.
84 députés français sont montés cette fois-ci au créneau pour réclamer que Paris « s’engage à réparer les préjudices moraux et matériels subis par les harkis qui ont été abandonnés et massacrés en Algérie » ou « relégués dans des camps de fortune en France » à l’issue de la guerre d’indépendance (1954-1962).
Après les accords d’Evian, le 18 mars 1962, 55.000 à 75.000 harkis, anciens supplétifs de l’armée coloniale, ont, selon les historiens français, été « abandonnés en Algérie ». Quelque 60.000 ont été admis en France. Avec leurs descendants, leur communauté est estimée à 500.000 personnes.
Le 19 mars dernier, entre 150 et 200 d’entre eux (photo) avaient manifesté à Rivesaltes (sud), où plus de 20.000 harkis « avaient été enfermés dans des conditions insalubres », pour dénoncer leur « abandon » par la France.

En sus de cette demande, les députés de la droite française veulent abroger la date du 19 mars, retenue dans une loi de 2012 pour en faire une journée nationale à la mémoire des victimes de la guerre d’Algérie. La proposition de loi, est portée par cinq députés du sud de la France, où sont installés des milliers de « pieds-noirs ».
Ces députés jugent « déplorable » le choix du 19 mars 1962, date du cessez-le-feu au lendemain des accords d’Evian, qui ont mis fin à sept années de guerre aux conséquences dramatiques pour le peuple algérien, puisque 1.5 million de martyrs sont tombés au champ d’honneur, des centaines de milliers de veuves et d’orphelins et des milliers de villages détruits au napalm… Ces accords ont par la même mis fin à 132 ans de colonisation.