Les Nigérians aux urnes pour la présidentielle sur fond d’aspiration au changement

Les Nigérians aux urnes pour la présidentielle sur fond d’aspiration au changement

ALGER – Quelque 84 millions d’électeurs nigérians sont appelés aux urnes samedi pour élire leurs nouveau président et Assemblée nationale dans un contexte marqué par une multitude de défis, alors que la population aspire à un changement à la mesure de leurs attentes.

Des scrutins régionaux auront lieu le 2 mars pour élire les gouverneurs des Etats et les membres des Assemblées locales, selon le calendrier électoral.

Pas moins de 73 candidats issus de 91 partis politiques sont en lice pour la présidentielle, dont le chef de l’Etat sortant, Muhammadu Buhari, qui affrontera son principal rival, de l’opposition l’ex vice-président Atiku Abubakar.

Selon les sondages, la concurrence s’annonce rude entre les deux candidats, le président sortant Buhari du parti du Congrès des progressistes (APC), au pouvoir depuis 2015 et l’ancien vice-président Abubakar, candidat du principal parti d’opposition nigérian, le Parti démocratique populaire (PDP).

Ces deux principales formations politiques s’accaparent la quasi-totalité des sièges dans les deux chambres du Parlement.

Insécurité, corruption, pauvreté… enjeux du scrutin

M. Buhari (76 ans) qui demeure le candidat favori de ce rendez-vous électoral a entamé sa campagne de réélection, en promettant de faire franchir une « nouvelle étape » au pays et de « construire un Nigeria plus fort ».

Il a d’ores et déjà avancé cinq grandes promesses de campagne: créer des emplois, développer les infrastructures, faciliter les affaires, améliorer les ressources humaines, et renforcer l’inclusion politique, mettant l’accent sur la lutte contre la corruption – une campagne lancée en 2015 -, et qu’il a promis de poursuivre s’il était réélu en 2019.

Il a également promis de redoubler d’efforts en matière d’infrastructures, de relance économique et de lutte contre les rebelles en cas de réélection.

Ancien officier-Général, il est revenu au pouvoir en 2015 après avoir battu l’ancien président Goodluck Jonathan, devenant ainsi le premier candidat d’opposition à vaincre un président sortant dans une élection.

Face à lui, rivalise un adversaire redoutable, Atiku Abubakar (72 ans) ancien vice-président pendant huit ans (1999-2007), qui veut se placer comme le candidat favori du secteur privé et des jeunes pour remporter ce scrutin, la quatrième tentative pour lui d’accéder à la magistrature suprême.

Homme d’affaires multi-millionnaire, Atiku Abubakar, a axé son programme lors de sa campagne électorale sur des sujets aussi variés que l’emploi, la sécurité nationale, la santé, l’éducation, les infrastructures et divers secteurs essentiels de l’économie.

Violences et tensions, appels au respect des résultats

Au terme d’une campagne marquée principalement par une vague de violences sans précédent et de tension, d’immenses rassemblements de dizaines de milliers de personnes ont eu lieu dans les différentes régions du pays. Des violences ont éclaté entre les sympathisants des deux camps, faisant plusieurs morts et blessés, provocant des dégâts matériels dans certains bureaux de vote.

Trois bureaux de la Commission nationale indépendante électorale (INEC) ont été incendiés en moins de deux semaines alors que du matériel électoral ainsi que des milliers de lecteurs électroniques de cartes électorales ont été détruits. Les deux candidats ont appelé à éviter toute violence et à respecter le résultat.

Face à ces tensions MM. Buhari et Abubakar ont signé un texte d’un « accord de paix » passé entre plusieurs autres candidats qui appellent leurs partisans « à éviter toute violence ou acte qui puisse mettre en danger (le déroulement) d’élections libres, justes et crédibles » et s’engagent à en « respecter le résultat ».

« Les élections ne constituent pas la démocratie à elles seules », a mis en garde le président sortant, soulignant l’importance de « l’engagement citoyen » pour atteindre « la bonne gouvernance ».

Son adversaire Atiku Abubakar, ex-vice-président, a pour sa part appelé la commission électorale et les services de sécurité à rester neutres.

La campagne électorale a été marquée par l’arrivée de nombreux jeunes candidats, ils ont 25, 30 ans, et veulent être député ou président.

Profitant d’une loi, votée en mai 2018, qui a revu à la baisse l’âge des candidats aux élections, près de 1 500 jeunes briguent des postes aux niveaux des Assemblées fédérales et au Sénat, malgré leurs moyens financiers dérisoires.

Ces jeunes apportent des propositions concrètes, liées à leurs difficultés au quotidien. ils proposent des lois pour éradiquer le chômage, promettant « l’accès à l’eau potable, de meilleurs services de santé ou encore une meilleure gestion du secteur de l’énergie ».