Les mondialistes au crible

Les mondialistes au crible

Les cinq qualifiés pour le Mondial ont connu des fortunes diverses au cours de cette 27e Coupe d’Afrique des Nations.

Aucun d’entre eux n’a réussi à empêcher l’Egypte de réaliser le hat-trick.

Ce sont même les moins attendus qui ont réussi le mieux à tirer leur épingle du jeu.

GHANA: Tout proche de l’exploit

Sans ses stars que sont Stephen Appiah, Michael Essien et Sulley Ali Muntari, le Ghana est passé à deux doigts d’un exploit: faire tomber l’Egypte, double tenante du titre, avec une génération de gamins et quelques talents dont le Rennais Gyan Asamoah (deux buts).

Samuel Inkoom, David Addy ou encore Andre Ayew, pour ne citer qu’eux, ont livré une CAN courageuse et surtout étonnante pour des joueurs aussi jeunes. Composé au tiers de joueurs champions du monde des moins de vingt ans, il y a seulement trois mois, le Ghana a montré qu’il sera l’un des gros outsiders du mondial lorsque tous ses blessés seront opérationnels.

ALGERIE : Entre espoirs et regrets

L’Algérie s’est qualifiée pour sa première Coupe du monde depuis 1986 mais a manqué paradoxalement d’expérience puisque la CAN constituait seulement la première compétition internationale des Fennecs depuis six ans ! Karim Ziani et leurs compères ont encore fait valoir leurs qualités d’abnégation pour se glisser jusqu’en demi-finale. Le manque de vécu a cependant éclaté à la figure des hommes de Rabah Saâdane.

Malgré le sentiment d’injustice qu’ils ont pu nourrir contre l’arbitre de la demi-finale perdue face à son nouvel ennemi, l’Egypte, les exclusions stupides de Nadir Belhadj et Faouzi Chaouchi montrent que l’Algérie a encore du chemin à parcourir dans la gestion des situations difficiles. Une note positive et importante: la volonté de Saâdane de réorganiser tactiquement son équipe en prévision de la Coupe du monde a globalement porté ses fruits.

NIGERIA: Le colosse aux pieds d’argile

Oublié depuis ses excellentes Coupe du monde 1994 et 1998, le Nigeria a prouvé, encore une fois, qu’il est resté une nation très régulière au niveau continental en terminant pour la quatrième fois au troisième rang de la CAN, lors des cinq dernières éditions.

Avec un tableau ouvert, les Super Eagles auraient même pu, à l’instar du Ghana, créer une demi-surprise. Ce bilan satisfaisant ne doit cependant cacher une tension explosive entre certains joueurs, dont l’ancien Lillois Peter Odemwingie, et dirigeants de la Fédération nigériane et le sélectionneur Shaibu Amodu, à la tête des Eagles depuis avril 2008. En coulisses, on attend déjà l’ancienne gloire Daniel Amokachi et le sélectionneur du Mozambique, le Néerlandais Mart Nooij, à la rescousse.

CAMEROUN: Une équipe à stabiliser

Tout Samuel Eto’o qu’il est, l’attaquant de l’Inter Milan n’a pas réussi à porter suffisamment loin, sur ses seules épaules, les ambitions camerounaises. Au bout d’un scenario ubuesque, les Lions Indomptables sont sortis en tête de leur poule après avoir perdu d’entrée contre le Gabon et failli plier contre la Zambie et la Tunisie. Après un football balbutiant, le Cameroun a haussé son niveau de jeu face à l’Egypte et pu nourrir des regrets en raison d’un but non valable pour les Pharaons. Le principal chantier de Paul Le Guen, désormais, est de trouver une solution en défense où l’amalgame se fait de manière pénible entre des joueurs très expérimentés, pour ne pas dire vieillissants (Geremi, Rigobert Song), et des éléments plus jeunes (Nkoulou, Chedjou).

CÔTE D’IVOIRE: Encore raté !

Les « ASEC Mimosas 1997-1999 » devaient arriver à la plénitude de son potentiel. La claque reçue contre l’Algérie a ramené les Eléphants sur terre. S’ils ont confirmé le virage entrepris dans l’organisation du jeu par Vahid Halilhodzic, leur parcours décousu en raison de la défection du Togo les a, aux dires de nombreux acteurs, fortement pénalisés. Démobilisée pendant dix jours, entre son deuxième et dernier match de poule et le quart de finale joué contre l’Algérie, la Côte d’Ivoire a, en effet, explosé en vol.

Sa défaite a montré, une fois de plus, que Didier Drogba et ses compères devront se montrer plus réguliers et encore plus efficace dans leur gestion des rencontres. Surtout, le temps presse pour une formidable génération de joueurs (Zokora, Kolo Touré, Koné, Dindane, Tiéné, Keita) qui n’a pas encore remporté le moindre trophée. Le prochain Mondial sera l’une des dernières occasions de réaliser un coup d’éclat.

Eurosport – Y.B.