Les ministres s’investissent dans la campagne présidentielle, Un gouvernement au ralenti

Les ministres s’investissent dans la campagne présidentielle, Un gouvernement au ralenti

Curieuse façon que celle dont se comporte le gouvernement algérien en ce moment. Alors que le front social continue de bouillonner, l’Exécutif brille par son absence. Son chef, ayant choisi de laisser l’intérim à Youcef Yousfi, est le seul à avoir tiré son épingle du jeu. D’autres ministres engagés dans la campagne électorale ont carrément abandonné leurs secteurs, les autres ministres sont aux abonnés absents.

Aucune réunion du gouvernement, aucune activité, comme si le pays ne vivait que par et que pour la campagne électorale ! Le ministre des Transports est trop pris par la campagne électorale pour se désintéresser totalement des grèves qui secouent son secteur depuis plusieurs jours.

La grève de la SNTF qui a paralysé le trafic ferroviaire durant plusieurs jours, celle des travailleurs du métro d’Alger, ou encore la grève surprise des pilotes d’Air Algérie n’ont eu droit à aucune réaction de la part d’Amar Ghoul, qui continue de sillonner le pays et même l’étranger, pour prêcher le quatrième mandat.

D’autres secteurs sont touchés par des conflits sociaux, à l’image de la grève de la faim entamée depuis une vingtaine de jours par les travailleurs de la cimenterie d’Oggaz, dans la wilaya de Mascara, et qui laisse le gouvernement de marbre. Youcef Yousfi, qui assure l’intérim du Premier ministre, est curieusement absent, silencieux. Depuis son déplacement en catastrophe à Ghardaïa, où il s’est contenté de faire acte de présence, et une autre virée surprise à Batna, en pleine effervescence, après la mauvaise blague d’Abdelmalek Sellal sur les Chaouis, on ne voit plus le Premier ministre par intérim, on ne l’entend plus.

Cette vacance ou ce silence du gouvernement pose un sérieux problème : celui de la prise en charge des doléances des citoyens et de la continuité de l’État. On ne peut pas mettre tout un pays en veilleuse, entre parenthèses, sous prétexte qu’il y a une campagne électorale. La logique et la décence auraient voulu que les ministres impliqués directement dans la campagne démissionnent de leur poste. Les mal-logés attendent toujours, depuis plus d’une année, la fameuse opération de relogement qui a été reportée à maintes reprises, chaque fois pour une raison différente. La dernière excuse trouvée fut le contexte politique actuel, notamment la campagne électorale.

Donc, toute l’opération, et même des souscripteurs des programmes LSP, LPP, AADL, anciens et nouveaux, est mise entre parenthèses. Les responsables ont peur d’assumer leurs actes en cette période précise. Mais ces mêmes responsables ne se gênent pas pour jeter des centaines de milliards afin de refaire, encore et encore, les trottoirs de la capitale, ou embellir les bordures de la Rocade Sud avec de la pierre taillée.

Alger n’est pas la seule à connaître ce cas. À Constantine, les affrontements récurrents entre habitants de la nouvelle ville Ali-Mendjeli reposent avec acuité le problème de ces cités-dortoirs que l’on érige un peu partout, sur le même modèle, et qui constituent autant de bombes à retardement.

Là aussi, le gouvernement reste muet, tout comme il l’est pour les mécontentements enregistrés ces derniers jours dans la wilaya d’Oran, que ce soit à Sidi Chahmi, lors de l’expulsion dramatique de deux familles de leur logement, avec tout ce qui s’en est suivi, ou encore l’histoire des logements AADL où les fellahs de la région d’Es Senia s’en sont remis à la justice pour remettre en cause la décision d’édifier, sur une superficie agricole de 68 hectares, les futurs projets immobiliers.

Les Chinois ont déjà commencé à y installer leurs bases de vie, avec l’aval du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville. Au moment où les utilisateurs d’Internet souffrent le martyre, en raison des lenteurs du débit, on leur annonce la 4G fixe et le lancement des offres allant de 1 à 8 mégas, sans que personne, ni au téléphone ni dans les agences Actel, daigne répondre aux complaintes des clients abonnés qui souffrent depuis plusieurs jours de ces contraintes. Tantôt, on leur susurre que c’est la faute à la 3G et tantôt, on leur susurre que c’est le lancement du haut débit qui aurait été mal lancé.

Mais, d’une façon ou d’une autre, on les prend pour des idiots et on les fait payer cash ! Et si par malheur quelqu’un avait l’intention de réclamer qu’on lui déduise les journées de coupure d’Internet de son abonnement, alors, bonjour les tracas bureaucratiques ! Pendant ce temps, la ministre en charge du secteur brille par son absence, au point où on a fini par l’oublier complètement. Ces exemples, pour ne citer que ceuxlà, montrent que le gouvernement est en abandon de poste.

Mais faut-il vraiment s’en étonner, lorsque le premier responsable, Abdelmalek Sellal, en mission pour conduire la campagne électorale du Président sortant, se permet de détourner une rencontre des praticiens de la santé, convoquée par le directeur de la santé de la wilaya d’Alger ce dimanche, pour en faire un meeting électoral.

Ce procédé est utilisé à grande échelle, en ce moment, notamment avec les enfants et certaines associations à qui on promet des excursions et qui finissent dans des salles où les intérimaires du président Bouteflika exécutent leurs discours. Une campagne électorale peut-elle expliquer tous ces manquements ? Les mauvaises habitudes ont la peau dure, et chaque élection devient, par la force des choses, synonyme de vacance de pouvoir. Désormais tout est reporté à l’après-17 avril.

Azzeddine Bensouiah