Les ministres de l’Intérieur des 5+5 à Alger: Une rencontre de routine dans un contexte sahélien troublé

Les ministres de l’Intérieur des 5+5 à Alger: Une rencontre de routine dans un contexte sahélien troublé

Les ministres maghrébins de l’Intérieur rencontrent leurs homologues de l’Europe du Sud à Alger dans un contexte sahélien très troublé. Le 20 avril, ces mêmes ministres seront à Rabat pour parler encore de sécurité. La 15ème Conférence des ministres de l’In térieur de la Méditerranée occidentale ou «5+5» s’ouvre ce lundi à Alger.

C’est une rencontre routinière regroupant les ministres des pays du Maghreb (Libye, Tunisie, Algérie, Maroc et Mauritanie) à leurs homologues du sud de l’Europe (Malte, Italie, France, Espagne et Portugal) qui se déroule dans un contexte particulier. Les thèmes de prédilection classiques des pays européens, comme la lutte contre l’immigration illégale et la coopération sécuritaire, seront au rendezvous. La situation au Sahel après l’intervention française au Mali devrait être fortement présente à cette réunion des ministres de l’Intérieur.

La question de la sécurisation des frontières, thème récurrent, sera encore plus présente que jamais. L’attaque terroriste contre la base de Tiguentourine, à In Amenas, a montré que malgré les efforts déployés, les frontières restent poreuses. Le groupe «multinational» qui a lancé la grande prise d’otages a traversé au moins deux pays avant d’arriver sur les lieux de l’attaque. Récemment, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a insisté lourdement sur la «priorité » à accorder à la sécurité dans le cadre du processus maghrébin. Il a laissé entendre que c’est une des questions à traiter sérieusement avant d’envisager la tenue d’un sommet maghrébin.

Les ministres de l’Intérieur des pays de l’Union du Maghreb présents à Alger dans le cadre des 5+5 auront d’ailleurs une autre occasion de se rencontrer le 20 avril prochain à Rabat. Et les thèmes qu’ils aborderont ne seront pas éloignés de ce qui est discuté dans le cadre des 5+5. Le ministre algérien des Affaires étrangères a donné des indications sur le thème de la sécurité qualifié de «problème numéro un dans les agendas maghrébins et régionaux » qu’auront à traiter, à Rabat, les ministres de l’Intérieur maghrébins. Ils doivent, avait-il expliqué dans une déclaration à la radio, dégager une «feuille de route et une stratégie commune de lutte contre l’insécurité ».

«MARQUÉ DU SCEAU DE LA GRAVITÉ»

Pour Medelci, certains volets sont marqués du «sceau de la gravité» et il avait cité à cet égard, la «circulation des armes » en Libye et au Sahel, « la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le crime organisé et contre les narcotrafiquants ». Il a même souligné que le trafic de drogue est devenu un vrai problème de sécurité pour l’Algérie qui est «ciblée ». Ces thématiques sont bien entendu très «maghrébines » mais elles intéressent également les partenaires européens. Les ministres de l’Intérieur maghrébins se seraient d’ailleurs réunis en consultation, le 12 mars dernier, en marge des travaux de la 30e session du Conseil des ministres arabes de l’Intérieur qui s’est tenue dans la capitale saoudienne, Ryad. Selon le site électronique de la chaîne à capitaux saoudiens Al-Arabiya, les ministres ont convenu que la rencontre d’Alger soit l’occasion de réactiver la «coopération sécuritaire».

On en saura davantage à la prochaine réunion sécuritaire qui aura lieu à Rabat. Mais il est clair qu’une réunion des 5+5 sur la sécurité sera très largement marquée par la situation au Sahel. La France s’apprête à retirer les ¾ de ses 4.000 soldats engagés au Mali pour ne laisser qu’un millier de soldats en permanence. La stabilisation de la situation va demander du temps et les groupes djihadistes ont déjà tendance à s’adapter en élargissant le spectre de leur action au-delà du nord du Mali. Cette situation impose la mise en place de dispositifs de sécurité, de surveillance et d’échange d’informations rapides pour favoriser des réactions rapides. Tous les sujets ne sont pas traitables en « 5+5». Il y a des questions pendantes entre Maghrébins qui devraient être discutées, «entre eux», à Rabat.

Salem Ferdi