Après le ministre de l’Intérieur, c’est au tour de celui de la Santé. La poursuite du mouvement de grève des médecins résidents est « totalement illégale », a affirmé lundi 4 avril Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Le ministre invite les grévistes à reprendre le travail. Les médecins résidents ne l’entendent pas de cette oreille et devraient annoncer la poursuite de leur mouvements de protestation
Ould Abbès s’exprimait en marge d’une rencontre avec délégation des médecins résidents, organisée au siège de son département à Alger. « Je trouve anormal qu’ils (médecins résidents) poursuivent leur grève alors que nous nous sommes réunis (la semaine dernière) et mis en place trois commissions chargées d’étudier leurs revendications. Cette grève est injustifiable et totalement illégale », a-t-il déclaré, cité par APS.
Selon le ministre, les médecins résidents « devaient au moins attendre les conclusions des commissions prévues dans une semaine (…) et, dans le cas où ils ne seraient pas satisfaits, ils pourraient alors protester et faire la grève dans un cadre légal.
Aussi, appelle-t-il les grévistes à la « sagesse », les invitant « à reprendre leur travail et attendre les conclusions des trois commissions.»
Contacté par DNA, le Dr Mohamed Sahnoun, membre du collectif autonome des médecins résidents algériens, qualifie « d’illogique» la nouvelle attitude du ministre.
« Après un mois de contestation, il nous sort cette histoire d’illégalité. C’est illogique. Nous ne comprenions rien », affirme-t-il.
Mi-mars, le collectif autonome avait déjà déposé un préavis de grève illimité assortie d’une plate forme de revendication auprès des autorités concernées, restés sans réponses satisfaisantes, rappelle notre interlocuteur.
Les médecins résidents ne font plus « confiance » au ministre, selon M. Sahnoune « Avant l’annonce de l’installation des commissions, le ministre avait déclaré qu’il n’était pas de ses prérogatives de régler le problème du service civil. C’est pour cette raisons qu’on nous avons décidé de poursuivre la grève », indique ce délégué.
Et d’ajouter : « quelques temps après, il veut installer des commissions. Or, s’il nous a donné son accord de principe pour abroger le service civil, on aurait arrêté notre grève ».
A 17 heures, les délégués nationaux des médecins résidents se trouvent toujours, selon M. Sahnoun, en réunion au ministère de la Santé.
Prévue dimanche 3 avril, l’entame des travaux des trois commissions chargées d’examiner les revendications des médecins résidents n’a pas eu lieu. Un responsable du ministère de la Santé avait annoncé aux grévistes qu’aucune réunion n’était prévue.
Ce n’est qu’en début d’après-midi que le ministère de la Santé a adressé une missive aux délégués nationaux des médecins résidents l’y invitant à l’installation des commissions pédagogique et du statut.
« Pour le service civil, nous n’avons rien reçu. Demain, nous irons au ministère. S’ils décident d’abroger les service civile, on siègera dans les deux commissions », avait indiqué M. Benhabib dans une récente déclaration à DNA.
Faute de quoi, les médecins résidents, pour qui la suppression du service civil est un préalable au dialogue, menacent de boycotter les travaux de ces commissions.
Il va sans dire que la nouvelle sortie médiatique du ministre risque de jeter de l’huile sur le feu.
Lundi 4 avril, outre la poursuite du débrayage, plusieurs sit-in de protestation ont été organisés simultanément dans les hôpitaux d’Algérie.