Où vont tous ces millions de touristes? Dans des contrées plus stables
Qu’attendent les ministres des Finances, du Tourisme et des Affaires étrangères pour passer à l’offensive?
Des dizaines de milliards de dollars provenant du tourisme, des centaines d’investisseurs capables de faire des miracles dans la création d’emplois, fuient les pays arabes en proie aux révoltes populaires comme l’Egypte, la Tunisie, la Syrie, la Libye et à un degré moindre le Yémen. Où vont tous ces millions de touristes, ces centaines d’entreprises? Dans des contrées plus stables politiquement et plus sûres économiquement.
Ces deux atouts sont dans les cordes de l’Algérie qui, justement jouit d’une double stabilité: économique et politique. En plus de ces deux arguments, l’Algérie croule sous les milliards de dollars, une denrée rare en ces moments de crise financière qui sévit en Europe. Il est arrivé à notre pays, comme ce chasseur qui ne sait plus quoi faire de la peau de l’ours qu’il venait d’abattre. Frileuse et sclérosée, l’Algérie passe à côté d’un trésor inestimable.
Que font les ministres des Finances, du Tourisme, de la Culture et des Affaires étrangères pour attirer les touristes et les entreprises qui quittent les pays arabes? Qu’attendent nos ambassades à l’étranger pour prendre attache avec ces entreprises et les convaincre à venir s’installer en Algérie? Les autres pays arabes l’avaient fait avec force et détails.
«Venez investir chez nous, venez faire du tourisme, nous avons la sécurité et la stabilité.» Tels étaient les slogans exhibés alors que l’Algérie était à feu et à sang durant la tragédie nationale et c’est de bonne guerre. Rien que pour le tourisme, le manque à gagner est immense pour l’Algérie. On a ressassé pendant longtemps des problèmes sécuritaires, puis un manque d’investissements mais ce n’est plus le cas à présent.
Le manque de compétences et de savoir-faire dans le domaine peut-être? Faux! répondront les experts du domaine. Ces derniers estiment que près de 20% du secteur touristique français sont en panne. Quand on sait que la France est le pays le plus coté sur le plan touristique dans le monde. Et détenir 20% du savoir-faire touristique dans le monde, n’est pas donné. L’on comprend alors que cet immobilisme tient d’abord à un manque de volonté politique, ensuite manque de compétence. «Il serait malheureux de ne pas profiter de cette situation qui sévit dans le Monde arabe pour ne pas faire revenir, faire redécouvrir la destination Algérie», regrette un ancien diplomate pour qui «le tourisme peut constituer le meilleur rempart contre l’islamisme».
Seulement voilà, attirer des investisseurs et assurer le retour des touristes, c’est du cousu main. C’est un travail de fourmi que nos responsables ne sont pas prêts à faire. On n’a jamais entendu parler de campagne d’incitation pour la destination et le marché algériens. Comme on n’a pas lu ou entendu dans les médias des actions qui font la promotion du produit et des atouts fort nombreux du pays. L’Algérie n’a jamais été aussi riche. Les réserves de change ont dépassé les 170 milliards de dollars, au moment où des pays quémandent quelques dollars pour maintenir la paix spciale.
L’Algérie est le deuxième pays arabe après l’Arabie Saoudite (485,48 milliards de dollars) et le 13e au monde en termes de réserves de change. Qu’est-ce qui empêcherait le gouvernement d’organiser ou à la limite d’encourager l’organisation de séminaires et de missions d’assistance. Des campagnes du genre: «Il est temps d’investir en Algérie. Investir en Algérie, c’est le moment ou jamais…», «Visitez la nouvelle Algérie…, vivez le soleil d’Algérie, etc.» Est-il difficile de préparer un argumentaire en plusieurs langues donnant de bonnes raisons pour attirer ces touristes et ces investisseurs. En d’autres termes, la destination Algérie doit se décliner en plusieurs étapes: trouver un slogan original pour motiver, définir un package attractif et enfin imaginer un plan d’action avec les moyens humains et financiers qu’il faut pour cela. Mais pour ce faire, il faut d’abord avoir une stratégie marketing.
Hélas, pour le moment, la seule stratégie économique du pays consiste à multiplier les programmes d’investissements publics qui ne profitent qu’aux entreprises étrangères et à maintenir en perfusion les entreprises nationales en y injectant des milliards de dollars. Tout compte fait, le pays n’a tout simplement pas de stratégie. Un terrible manque avec de terribles dégâts.