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Il ne restait donc plus au médiateur onusien, Ghassan Salamé, qu’à «souhaiter le succès et l’application sincère» de ce nouvel accord dont il a parfaitement raison de douter.
Les violences ont fait une soixantaine de morts au début du mois. L’annonce d’une nouvelle trêve entre les milices qui s’affrontent à coups d’armes lourdes dans les alentours de la capitale Tripoli a été assortie d’un immense soulagement. Les deux camps rivaux ont donc consenti à faire taire les armes, après des combats qui ont fait, selon les médias locaux, quelque 117 morts et plus de 400 blessés entre la fin août et début septembre, uniquement.
En une semaine d’affrontements, les milices tripolitaines et la 7ème brigade dite milice de Tarhouna ont encore aiguisé les couteaux, avec 16 morts et 65 blessés rien que pour cette période de fureur, selon le bilan du ministère de la santé. Il aura fallu pour parvenir à un cessez-le-feu provisoire l’intervention de dignitaires de la ville de Bani Walid, à 170 km de Tripoli. A la faveur d’une cérémonie concluant la fin des hostilités, ils ont indiqué que les milices de la force de protection de Tripoli, communément appelées Raad, et celles de la 7ème brigade de Tarhouna ont consenti à cet accord validé par des responsables des deux villes.
Le document porte sur une cessation «définitive» des combats, un retrait de la banlieue sud de Tripoli opéré par les deux camps rivaux qui doivent se replier vers leur cité d’origine, à savoir Misrata et Tarhouna, et, en guise de bonne volonté, un échange de prisonniers et de dépouilles des combattants morts durant les affrontements de ces derniers jours. Prudents, les médiateurs ont aussi prévu plusieurs comités de «surveillance» de la mise en oeuvre et du respect de ces engagements. Il ne restait donc plus au médiateur onusien Ghassan Salamé qu’à «souhaiter le succès et l’application sincère» de ce mémorandum d’entente dont il a parfaitement raison de douter, compte tenu des expériences antérieures.
C’est ce qu’il a dû chercher à vérifier lors de l’échange téléphonique qu’il a eu avec le chef de la tribu des Bani Walid qui a conduit la négociation avec, faut-il le reconnaître, un certain brio.
Mais aussi certain demeure le fait que la trêve entre les milices qui foisonnent dans la région tripolitaine est par essence fragile, précaire et révocable à tout instant! En septembre dernier, un autre accord avait été conclu dans les mêmes conditions et entre les mêmes camps rivaux, dont les combats avaient fait, on s’en souvient, 117 morts et plus de 400 blessés.
Comme les mêmes causes engendrent toujours les mêmes effets, ont peut s’attendre sans grand risque d’être démenti à une brutale reprise des hostilités entre les factions récalcitrantes qui se battent pour le contrôle de certaines zones de la capitale et surtout pour les gains juteux de certains trafics. Leur lutte d’influence, observée non sans une fureur légitime tant par le gouvernement d’union nationale de Fayez al Serraj qui reste leur otage impuissant que par le maréchal Haftar dont le rêve est de marcher un jour, le plus tôt serait le mieux dirait-il même, sur Tripoli pour les balayer hypothèque lourdement le sort du peuple libyen.
Comme il n’échappe guère aux observateurs avertis que toutes ces parties au conflit sont marquées à la cheville par des puissances et des officines étrangères qui lorgnent et salivent, avant l’heure, sur le pétrole libyen, on voit mal la sortie du tunnel malgré les intenses efforts du groupe des pays voisins et ceux du représentant du SG de l’ONU dont le défi électoral doit donner quelques sueurs froides aux gourous de toutes ces forces armées jusqu’aux dents et plus ou moins tenues en laisse.