Les ménagères et le Ramadan : La fièvre de la vaisselle

Les ménagères et le Ramadan : La fièvre de la vaisselle

La «k’dira» en terre cuite, les cuillères taillées dans le bois, les plats en poterie…

Qu’est-ce qui fait courir tant les femmes, ménagères bien sûr, ces derniers jours vers les étalages de vaisselle dans les divers marchés disséminés à travers tout le pays? C’est une cohue indescriptible à laquelle on assiste dans tous les bazars ou autour des étalages de ces produits… Vous avez deviné, comme tout un chacun, que c’est le Ramadhan qui en est la cause.

En effet, parallèlement aux achats de victuailles incontournables comme les épices, les ingrédients spéciaux pour confectionner certains plats comme par exemple les prunes et abricots séchés ou encore les raisins secs, la ménagère algérienne ne s’arrête pas là et pense à juste titre acheter la vaisselle «qui va avec»! Celle «qui va avec» est par exemple la fameuse «k’dira» ou petite marmite en terre cuite dans laquelle mijotera le plat roi qu’est la «chorba» qui mettra en appétit le jeûneur pour déguster les autres plats non moins bons. Y seront associés les petits plats creux, toujours en terre cuite, dans lesquels sera servie cette soupe «magique» qui accompagne majestueusement tous les «ftour» du pays. Elle est confectionnée de façon légèrement différente dans chaque contrée du pays. Elle sera également nommée autrement selon les régions.

Elle portera parfois un autre nom comme la «hrira» dans l’ouest ou certaines régions du sud du pays, de «djari» également… même si elle est autrement assaisonnée, cette soupe aux mille parfums «éco» demeure, par excellence, le plat «phare» de la «meïda» de Ramadhan. Viennent ensuite d’autres gâteries aussi succulentes les unes que les autres, qui appellent elles aussi à une vaisselle particulière, souvent en matériau ordinaire, mais parfois même en porcelaine, une vaisselle consacrée à des moments particuliers. Certains, ils sont toutefois peu nombreux à le faire, utilisent des cuillères taillées à la main dans le bois d’olivier souvent, pour manger le couscous aux raisins secs servi avant l’aube au moment du «shour».

Pour la circonstance, solennelle quelque part, du petit lait ou du lait caillé souvent, qui accompagne ce plat qui n’est plus à présenter, est servi dans de petites chopes en terre cuite pour combler ce plaisir culinaire. Tout le long de la soirée, après le ftour, mais aussi et surtout au moment du retour de la mosquée, après la prière des «taraouih», les verres de thé, achetés justement plus tôt par la ménagère consciencieuse, s’entrechoquent agréablement en famille sur fond de musique traditionnelle, régionale ou locale, au milieu de rires et sourires provoqués par des anecdotes savoureuses, contées à qui mieux mieux, ici et là. Il faut dire que nos soeurs et mères ménagères aiment se distinguer quelque peu en exposant leurs «réussites» culinaires dans une vaisselle «recherchée» qui dénote leur niveau d’hospitalité.