En voulant casser le syndicat autonome, le ministère de la Justice n’a, semble-t-il, fait que le renforcer. Les greffiers comptent renforcer les rangs de cette formation affiliée au Snapap.
Près d’une semaine après l’expiration de l’ultimatum lancé par le Syndicat national du secteur de la justice à la tutelle, le corps des greffiers est toujours en ébullition. Une vive tension s’est emparée depuis le 15 mars dernier de toutes les institutions judiciaires du territoire national. “La colère de la base a atteint son paroxysme, mais l’absence d’un cadre légal pour l’orienter et surtout parrainer une éventuelle action ne fait qu’envenimer la situation”, nous dit un greffier.
Question : que fait donc le syndicat qui était derrière l’ultimatum ? Selon des sources proches de ce syndicat qui se refuse à tout commentaire, les dernières rencontres entre les membres du bureau provisoire du syndicat dudit ministère et des responsables du département de Belaïz ont complètement désorienté le combat des greffiers. Après avoir fait un travail de coulisses pour mobiliser la base et la préparer à une montée au créneau après l’expiration de l’ultimatum, les membres du syndicat se sont finalement volatilisés ! “Il ne faut pas se voiler la face car la situation est claire comme l’eau de roche. Nos syndicalistes ont fait l’objet de pression et d’intimidation lors de leur entrevue avec des responsables de la tutelle”, révèlent des sources proches du syndicat.
Et d’ajouter : “Ce n’est pas une première, certes, mais la base ne peut plus accepter cette humiliation.” Ne sachant plus quoi faire pour accomplir la mission pour laquelle ils ont été mandatés, les membres du bureau provisoire du syndicat sont allés jusqu’à envisager la solution extrême, à savoir une démission collective du bureau. Et comme les greffiers savent qu’ils n’y aura point de remplaçants qui oseraient défier la tutelle, ils sont unanimes à dire qu’il est nécessaire, voire urgent, de rejoindre le Syndicat autonome des personnels de la justice affilié au Snapap créé il y a quelques mois. C’est justement pour freiner l’adhésion des greffiers à ce syndicat que le département de la Justice a pris l’initiative de renouveler les membres de l’ancien syndicat des fonctionnaires de ce secteur.
Mais il semblerait que cette initiative ait eu l’effet inverse. La tutelle, qui a tout fait pour casser le syndicat autonome, n’a fait que renforcer ses rangs par l’arrivée en masse de nouveaux adhérents. Face aux traditionnelles pressions, des voix s’élèvent pour proposer une action de grève spontanée comme ce fut le cas en février 2011 pour que la tutelle ne puisse cibler des personnes précises. En tout cas, de toutes les contestations qui ont marqué le front social depuis plus d’une année, seule la protestation des travailleurs du secteur de la justice, tous corps confondus, n’a pas réussi à faire long feu.
M b