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L’Académie a pour mission de recueillir le corpus national de la langue amazighe dans toutes ses variétés linguistiques, d’établir une normalisation de la langue amazighe à tous les niveaux de description et d’analyse linguistiques…
L’Académie algérienne de la langue amazighe a été mise en place à la veille de la célébration officielle de Yennayer. Présidée par Mohamed Djellaoui, cette nouvelle instance, dont la mission est de donner à la langue amazighe un prolongement dans l’édition, l’école et même dans la vie administrative du pays, vient couronner un long processus historique, fait de lutte pacifique et de grande détermination d’un groupe de militants algériens. Les hommes et les femmes qui s’étaient battus pour cette dimension de l’identité nationale ont surtout insisté sur son ancrage national. Ils ont eu raison, puisque aujourd’hui, c’est toute l’Algérie qui célèbre le même événement à la même date, preuve que les racines amazighes de la société ont été sauvegardées.
L’académie est également venue compléter un processus institutionnel qui a pris forme en 1995, avec la création du Haut Commissariat à l’amazighité, le 25 mai 1995, consolidé par l’entrée de tamazight dans le préambule de la Constitution de 1996, ensuite comme langue nationale, dans la Constitution de 2002, pour finir par avoir le statut de langue officielle et nationale dans la Loi fondamentale, amendée en février 2016.
Ce long parcours du militantisme à la constitutionnalisation a donc abouti à la création de cette académie, confortant de manière concrète et officielle un acquis pour tamazight. On n’est plus dans le processus politique qui a trouvé son épilogue en 2016. Une autre bataille autrement plus déterminante commence. Il s’agit de donner les moyens scientifiques à tamazight pour sortir du «folklore» et accéder véritablement au statut de langue vivante.
Et pour cause, l’enseignement, assuré dans plus de 38 wilayas, ne saura être capitalisé qu’à la condition de donner aux apprenants les outils orthographique, calligraphique, grammatical, unifiés à même de permettre l’émergence effective de tamazight dans les sphères littéraire, scientifique et administrative. C’est le seul moyen de sauvegarder tamazight en tant que langue, culture et patrimoine. C’est la lourde mission de l’académie algérienne de la langue amazighe. Les 40 spécialistes qui la composent devront faire vite et bien. Aujourd’hui perçue comme un élément fondamental dans la cohésion nationale, tamazight est appelé, à travers les nouvelles générations, à constituer une partie du socle linguistique du pays.
Même si la mission n’est pas, à proprement parler, politique, elle reste très sensible, puisqu’il est question de donner un sens concret à cette cohésion nationale. Ce ne sera pas partie facile. Lamri Bengasmia, membre de l’académie et enseignant de tamazight à l’Ecole nationale supérieure de Bouzaréah, explique: «Les membres de cette académie auront à travailler sur le terrain sur les différentes variétés de la langue amazighe. Des concertations et débats auront lieu entre ses membres à ce sujet.» Le professeur Abderrezak Dourari, directeur du Centre national pédagogique et linguistique de l’enseignement de tamazight (Cnplet) estime que «nous sommes aujourd’hui devant la concrétisation d’une vieille quête». Cité par l’APS, ce spécialiste, qualifie l’Académie d’ «acquis sérieux». Il estime que cette académie «est là pour sauvegarder une langue, c’est à présent aux membres de celle-ci de tracer leur feuille de route pour mener à bien leur mission».
L’ancien doyen de la faculté de lettres et langues de l’université de Bouira, Mohamed Djellaoui, a été nommé président de cette académie, en vertu d’un décret présidentiel publié au Journal officiel. Les membres de l’académie, au nombre de 40 dont le président, ont été également nommés en vertu d’un autre décret présidentiel. La loi organique relative à la création de l’Académie algérienne de la langue amazighe, adoptée en juin 2018 par les deux chambres du Parlement, définit les missions, la composition, l’organisation et le fonctionnement de cette instance, placée auprès du président de la République et dont la création est prévue par l’article 4 de la Constitution, amendée en 2016.
Liste des Membres de l’Académie Amazighe
– Mohamed Djellaoui;
– Abderazak Dourari;
– Salah Bayou;
– Malek Boudjellal;
– Djoudi Merdaci;
– Djamel Nahali;
– Abdelkrim Aoufi;
– Said Hadef;
– Samia Dahmani;
– Hassina Kherdouci;
– Abdelaziz Berkai;
– Moussa Imarazene;
– Zahir Meksem;
– Sadek Bala;
– Lamri Benguesmia;
– Ouardia Yermach;
– Karima Aouchiche;
– Moussa Abbas;
– Sonia Bekal;
– Nacera Sahir;
– Ali Taouinet;
– Rachid Felkaoui;
– Lounis Oukaci;
– Khadidja Nezzal;
– Hocine Ameziane;
– Tafkik Amoud;
– Tahar Ahaad;
– Salem Agari;
– Ali Karzika;
– Ahmed Ramdani;
– Yahia Benyahia;
– Mustapha Hamouda;
– Bachir Bouhania;
– Mohamed Teherichi;
– Leila Benaicha;
– Amohamed Rahal;
-Mohamed El Hadi Boutarene;
– Kamel Khaldi;
– Mustapha Ould Youcef;
– Lydia Guerchouch