Les médecins sortent le carton rouge pour Ould Abbes : «Ministre menteur»

Les médecins sortent le carton rouge pour Ould Abbes : «Ministre menteur»
les-medecins-sortent-le-carton-rouge-pour-ould-abbes-ministre-menteur.jpg

C’est fois c’est carrément le carton rouge qu’ils brandissent. Près d’un millier de résidents en médecine, en chirurgie dentaire et en pharmacie ont observé mercredi 18 mai un sit-in de protestation devant le siège du ministère da Santé, à Alger. Le mouvement de protestation ne visait pas la satisfaction des revendications socioprofessionnelles et pédagogiques, mais plutôt le départ du ministre de tutelle, Djamel Ould Abbes. Ce dernier avait déclaré récemment que la récréation est finie et a demandé l’usage de la force contre les grévistes.

«Dégage!», crient les protestataires. Devant le siège du ministère, les blouses blanches sortent un carton rouge et insistent : « Tir, tir, tir… (Dégage, dégage, dégage) ». Les slogan étaient accompagnés de gestes de la main signifiant au ministère qu’il doit quitter son poste.

La colère des manifestants est cette fois-ci dirigée contre le ministre dont ils ne veulent plus. « Ould Abbes, la santé vous dépasse », crient-ils ainsi. Les médecins, en grève illimitée depuis mars dernier, qualifient le ministre de menteur. Le disent ouvertement, à haute voix, devant les caméras des photographes de presse et des passagers, sous les fenêtres de son bureau. « Ministre menteur », « Ministre super menteur», «ministre kherrat (menteur) », répètent-ils à l’envi.

« Notre sit-in est organisé de façon spontanée, dans l’improvisation. Nous ne l’avons pas programmé» indique à DNA un porte-parole du Comité autonome des médecins résidents algériens (CAMRA).

Et ce dernier de poursuivre : « Ceci dit, il y a urgence. Le ministre a tenu des propos inacceptables à notre égard. Il a piétiné toutes les lois de la République en donnant instruction aux directeurs des établissements hospitaliers d’empêcher les sit-in à l’intérieur des hôpitaux. Il leur a demandé de faire appel aux forces de l’ordre. Ceci en totale contradiction avec la charte de l’OMS (organisation mondiale de la Santé, NDLR), signée par l’Algérie, interdisant aux forces de l’ordre l’accès à l’intérieur des hôpitaux ».

« Le ministre a dit que la récréation est terminée. Nous lui disons que nous ne sommes pas à la maternité et nous ne jouons pas. Ça ne nous amuse pas», ajoute ce porte-parol

Invité dimanche 15 mai au journal télévisé de 20 heures, Djamel Ould Abbes, 70 ans, ministre de la Santé depuis mai 2010, a tenu des propos désobligeants à l’égard des grévistes. M. Ould Abbes qui qualifie le mouvement de grève de « honteux » avait demandé aux chefs de services hospitaliers de recourir à la bastonnade des grévistes dans l’enceinte même des établissements.

« Je ne veux plus de bruits dans les cours des établissements, ni de rassemblements. Vous n’avez qu’à user de la force pour les disperser et les empêcher de se réunir», a-t-il exigé.

Le rassemblement des praticiens de la santé s’est déroulé sans incident alors que les forces de l’ordre présentes sur les lieux n’ont pas intervenu pour les disperser.

On ignore si le ministre était dans son bureau au moment où les protestataires brandissaient le carton rouge. Aucun responsable n’est sorti du siège pour rencontrer les contestataires.

Dans leur plate-forme de revendications, les blouses blanches réclament l’abrogation du service civil obligatoire auquel ils sont soumis durant une période allant de 1 à 4 ans dans des zones reculées du pays, la mise en place d’un plan de carrière, l’ouverture de postes budgétaires et l’augmentation de leurs salaires.

Ils exigent également la révision du l’actuel statut qui devrait leur assurer un droit syndical, des congés de maternités pour les résidentes et des primes de contagion et de risque.