En grève illimitée depuis le 27 mars, les médecins résidents font l’objet de « pressions » de la part des chefs de service des centres hospitalo-universitaires, selon Amine Benhabib, porte-parole du collectif autonome des médecins résidents algériens. Engagés dans un bras de fer avec le ministère de tutelle, les grévistes ne comptent pas lâcher du lest.
Après avoir eu recours aux directeurs généraux des CHU pour mater la contestation, le ministre de la Santé aurait instruit, cette fois-ci, les chefs de services de prendre des sanctions à l’encontre des grévistes.
« Certains chefs de service menacent les étudiants de ne pas valider leur année et de ponctions sur salaire. D’autres ont menacé des médecins de règlement de compte, après l’arrêt de la grève », indique le Dr Benhabib, dans une déclaration à DNA.
Si le procédé visant mettre fin à la fronde n’est pas encore « généralisé », de nombreux grévistes affirment avoir été mis à rude épreuve par les intimidations des chefs de services, ajoute notre interlocuteur.
Ce dernier dit ignorer si ces intimidations ont pour origine une instruction ministérielle ou si elles sont plutôt à mettre à l’actif de chefs de services zélés. « C’est malheureux qu’on en arrive à cela. Pourtant, nous avons montré notre disponibilité pour le dialogue afin de sortir de l’impasse. Sauf que les portes du dialogue nous ont été fermées. On nous a souvent servi des promesses sans lendemains », s’attriste-t-il.
Par ailleurs, le journal El-Khabar révèle dans son édition de samedi 30 avril que les médecins résidents disposent d’une « liste nominative d’enfants de responsables ayant bénéficié de privilèges et de piston pour ne pas passer leur service civil dans des wilayas éloignées ».
Le même quotidien indique également que des enfants de responsables proches du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, ont bénéficié de bourses à l’étranger sans justifier par un quelconque mérite académique.
Interrogé l’existence de cette liste, M. Benhabib souligne que le collectif des médecins résidents ne dispose d’aucune liste à son niveau. « Nous n’avons aucune liste en notre possession », tranche-t-il.
Toutefois, le porte-parole du collectif confirme l’existence des « cas de notoriété publique qui ont bénéficié de privilèges ». Pour lui, il n’y a pas de doute, ce sont les responsables du ministère de la Santé qui disposent d’une telle liste, d’autant plus qu’ils « ont accès à ce genre d’informations ».
Pour autant, M. Benhabib estime que les médecins n’iront pas jusqu’à utiliser cette affaire comme une carte de pression afin d’infléchir la position du ministre.
« Nous ne faisons pas dans la diffamation. Nos principes de revendications, dès le départ, sont l’autonomie, c’est à dire être apolitique, et surtout le respect des personnes. Certes, nous sommes en désaccord avec ces personnes, mais nous n’allons pas les attaquer sur leur vie privée. Il n’y aura pas d’attaques personnelles contre X ou Y », explique-t-il.
Prés de deux mois de contestation, ponctués de sit-in devant le siège de la présidence et du ministère de la Santé, c’est presque le statu quo entre médecins résidents et le ministère de tutelle.
Même si les grévistes appréhendent une année blanche, ils ne comptent pas pour autant faire marche arrière.
Jeudi, ils ont d’ailleurs observé un sit-in au CHU de Bab El Oued à Alger. Alors que d’autres rassemblements se tenaient au même moment au niveau des autres CHU du pays.