Entamée le 28 mars dernier, la grève illimitée déclenchée par les médecins résidents se poursuit toujours, du moins au CHU Mustapha-Bacha, a-t-on constaté hier matin. Occupant massivement un espace vert, situé à l’intérieur du vaste Centre hospitalo-universitaire, les médecins, femmes et hommes, devisaient calmement tout en observant le mot d’ordre de grève.
Selon le délégué des médecins résidents du CHU Mustapha-Bacha, « ce mouvement de grève se poursuit normalement à travers l’ensemble des CHU du pays, tout en assurant un service minimum, contrairement à certaines rumeurs colportées çà et là, affirmant que nous avons repris le travail. » Interrogé sur la décision de la justice, prononcée jeudi dernier et déclarant leur grève illégale, le représentant des médecins résidents a affirmé n’avoir reçu, jusqu’à présent, aucune notification de cette décision. C’est le cas également des résultats des négociations entamées avec les représentants du ministère de la Santé, qui a fait dire au délégué du collectif : « Au jour d’aujourd’hui, nous n’avons rien reçu de palpable de la part des pouvoirs publics. Pour le reste, il semble que les commissions mixtes ministère de la Santé – syndicats travaillent d’arrache-pied pour réviser le statut particulier des résidents. Quant à l’effet rétroactif de l’augmentation salariale, nous n’avons aucune nouvelle ».
Sollicité sur la question de la réforme du service civil, le délégué des grévistes a précisé : « Nous avons demandé l’abrogation de l’obligation de service civil et son remplacement par un autre système qui assure une meilleure prise en charge du malade sur tout le territoire national, tout en préservant la dignité du médecin ».
D’autres revendications pédagogiques ont été également rappelées à cette occasion. « Nous attendons les conclusions des comités pédagogiques, notamment celle ayant trait à l’engagement du ministère à abroger le caractère sanctionnant les examens intercalaires, qui est une de nos principales revendications », a ajouté le même représentant, avant de nous quitter à la hâte, pour faire un autre point de situation…
Mourad A.
«Il y aura retenue sur les salaires dès lundi» avertit Ould Abbès
Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Djamel Ould Abbès, a mis en garde hier contre une éventuelle poursuite de la grève des médecins de la santé publique, affirmant qu’il sera procédé à une retenue sur le salaire à l’encontre de tout médecin gréviste.
« S’ils (les médecins) poursuivent leur grève, ils seront poursuivis en justice. C’est fini maintenant. A partir de demain (lundi), il y aura retenue sur les salaires pour commencer et, par la suite, on passera à une autre étape. ça suffit, la récréation est terminée», a averti M. Ould Abbès dans une déclaration à la presse en marge d’une rencontre sur les violences faites aux femmes, organisée par le réseau Wassila.
« Pour moi, c’est une grève préméditée », a-t-il affirmé, relevant que son ministère « n’a jamais rompu le dialogue » avec les syndicats.
« Je salue tous les médecins généralistes et spécialistes, au même titre que les paramédicaux, pour le travail qu’ils sont en train de faire, mais si certains ont des intérêts particuliers, moi, je ne marche pas dans leurs intérêts », a-t-il insisté. Le ministre de la Santé a, par la même occasion, rappelé les nouvelles augmentations salariales dont ont bénéficié les médecins, estimant que son département a « tout fait » pour satisfaire leurs revendications socioprofessionnelles.
En vertu de ces augmentations, le salaire du médecin généraliste en chef passe de 57.938 DA à 106.963 DA, alors que celui du chirurgien-dentiste et du pharmacien en chef passe de 48.653 DA à 80.084 DA. Le nouveau traitement sera appliqué avec effet rétroactif à partir de janvier 2008.
S’agissant du service civil obligatoire, dont l’abrogation constitue la principale revendication des médecins résidents, le ministre a fait état de l’installation d’une commission de sages, en vue de la révision de cette mesure, soulignant que son souci est de mettre en place des mesures financières incitatives supplémentaires en faveur des praticiens appelés à exercer dans certaines régions enclavées.