Les médecins répliquent à Ouyahia : « Le jour où nos responsables se soigneront en Algérie…»

Les médecins répliquent à Ouyahia : « Le jour où nos responsables se soigneront en Algérie…»
les-medecins-repliquent-a-ouyahia-le-jour-ou-nos-responsables-se-soigneront-en-algerie.jpg

Les médecins résidents sont très remontés contre le Premier ministre, Ahmed Ouyahia après les déclarations faites dimanche 29 mai. « Nous sommes scandalisés. Déçus….Déçus pour la santé en Algérie », s’indigent dans une déclaration à DNA des membres du Comité autonome des médecins résidents algériens (CAMRA). Grève maintenue, sit-in national prévu le 1er juin au CHU Mustapha Pacha et rejet de la commission du service civil, les grévistes ne cèdent pas.

« Le Premier ministre et d’autres responsables politiques sont en train de faire retourner la population contre nous. Ils diabolisent les médecins résidents…Qu’ils prennent leur responsabilité!», préviennent nos interlocuteurs.

Et de poursuivre à l’adresse des mêmes responsables politiques : « Le jour où nos responsables de ce pays se soigneront en Algérie, on parlera de santé dans le pays».

Les représentants du CAMRA révèlent que « depuis l’instauration du service civil en Algérie, 10 000 médecins résidents sont partis à l’étranger, essentiellement en France ». Une phrase qui sonne comme une menace d’aller scruter d’autres horizons : « d’autres pays vont nous accueillir », disent-ils.

De nombreux responsables algériens, civils ou militaires, préfèrent se soigner en Europe, en France et en Suisse en particulier, et ne font guère confiances aux hôpitaux du pays.

Ce qu’a dit Ahmed Ouyahia

Dimanche 29 mai, Ahmed Ouyahia estimé « raisonnable » l’amélioration des conditions de travail et de logement pendant le service civil, en revanche il a opposé un niet catégorique à la suppression du service civil. Une « une revendication rédhibitoire », selon lui.

80 % des médecins spécialistes exerçant dans les wilayas du sud telles Tindouf , Tamanrasset et Illizi, et 50 % exerçant dans les wilayas du nord telles Ain Timouchent, Constantine et Médéa accomplissent leur service civil, avait-t-il soutenu. « Quand vous dites non au service civil, vous ne dites pas non au gouvernement mais à notre peuple », avait-il ajouté, rappelant aussi que l’Algérie compte 10.000 médecins résidents en formation actuellement qui ne peuvent tourner le dos au peuple.

Outre « l’inefficacité » du service civile, les médecins résidents se plaignent d’avoir été soumis à un traitement injuste.

« Une année de service civil au sud et deux ans dans les Hauts plateaux ce n’est pas trop chèrement payé pour ces Algériens », selon Ouyahia pour qui « les médecins comme les autres cadres ont bénéficié de la bonté de l’Algérie qui leur a donné des études gratuites et nous avons tous une petite dette à payer à ce pays et un petit sourire à donner aux citoyens de ce pays ».

Visiblement ces explications sont restées au travers de la gorge.

Ce que feront les résidents

En grève depuis prés de trois mois, les médecins résidents ne comptent pas lâcher prise. Les délégués du collectif ont exprimé leur rejet de la commission du service civil. « Les travaux de cette commission étaient d’emblée orientés vers le maintien du service civil. Le principe d’une commission neutre et objective n’a pas été respecté », argumentaient les délégués de la CAMRA dans le procès verbal de la réunion tenue le 27 mai 2011 à Tlemcen, à l’ouest d’Alger.

Après un vote national, la majorité des résidents ont réaffirmé le principe de l’abrogation du service civil, selon la même source. Ceci en réponse à l’offre du ministre de la Santé qui proposait la négociation des mesures incitatives si les résidents décident à sursoir à leur principale revendication.

Lors de la même réunion, il a été également décidé du maintien de la grève illimitée. Son gel est conditionné par « la levée de toute sanction juridique, administrative et pédagogique sur les résidents, la promulgation du nouveau statut du résident , la concrétisation de la feuille de route concernant les revendications pédagogiques établie lors de la conférence des doyens, l’engagement de la part de la tutelle pour l’abrogation du service civil, la consécration du droit syndical et l’application de l’arrêté n° 143 de 1989 qui stipule clairement l’absence d’épreuves théoriques pour les années intermédiaires .»

Un sit-in national est prévu par ailleurs mercredi 1er juin au CHU Mustapha Pacha à 11h00.