Les médecins lui tournent le dos : «Le ministre de la Santé est incompétent, on s’en remet donc au Président»

Les médecins lui tournent le dos : «Le ministre de la Santé est incompétent, on s’en remet donc au Président»
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Les délégués nationaux des médecins résidents ont décidé mardi 5 avril de se retirer des trois commissions mixtes mises en place par le ministère de la Santé ? La raison ? Ces commissions ne sont pas en mesure de prendre en charge les revendications des protestataires. Réaction du ministre ? Ponction sur les salaires et interdiction aux grévistes d’accéder aux hôpitaux.

Contacté par DNA, le Dr Amine Benhabib, porte-parole du collectif autonome des médecins résidents algériens, explique les motifs de ce retrait : « Nous nous sommes retirées en raison de l’absence de prérogatives de ces commissions à prendre en charge nos revendications socioprofessionnelles et pédagogiques », dit-il.

Lundi 4 avril, les délégués nationaux, à l’invitation officielle des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, ont siégé aux 3 commissions mixtes. Les négociations qui ont eu lieu au siège du département de la Santé à Alger, ont duré de 14 heures jusqu’à 20 h.

Quid de la commission du service civil? Les délégués du collectif ont soutenu une nouvelle fois la nécessité de l’abrogation du service civil et de l’ouverture de postes budgétaires avec des mesures incitatives.

Peine perdue. « Les représentants du ministère nous ont affirmé que personne ne peut décider de l’abrogation du service civil et ont insisté sur la nécessité de maintenir le service civil », raconte M. Benhabib, indiquant qu’ils « sont entrain de défendre becs et ongles un système qui a prouvé son échec.»

Même réponse concernant la révision du statut du médecin-résident.

Si les délégués du collectif ont exposé point par point l’ébauche du nouveau statut du résident, les représentants du ministère qui, « reconnaissant la légitimité d’une partie du nouveau statut avancent qu’il n’était pas des prérogative de la commission de traiter l’autre partie qui dépend des ministères du travail et de la fonction publique», déplore notre interlocuteur.

S’agissant de la commission pédagogique, le doyen de la faculté de médecine d’Alger a décidé de différer l’application de l’arrêté n°709/10 du 06/12/2010 régissant organisation et modalités d’évaluation et de progression du cycle de formation qui fera l’objet d’une seconde lecture mais sans en préciser la date, estime M. Benhabib.

Celui-ci précise que les revendications pédagogiques devront être prises en charge lors de la conférence des doyens nationaux, prévue dans une semaine.

Les délégués nationaux des médecins, résidents restant insatisfaits des réponses officielles, ont donc décidé de claquer la porte des trois commissions.

« On a jugé que ces commissions n’apportent aucune solution concertes à nos problématiques », s’attriste le porte parole du collectif.

Par ailleurs, les délégués du collectif ont réclamé pour la seconde fois le procès verbal de la réunion tenue le 29 mars au ministère de la Santé. « Les représentants du ministère nous ont informés que le PV n’avait toujours pas été rédigé », selon un communiqué du collectif.

Par ailleurs, Les médecins résidents ont fustigé le « dialogue » initié par le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès. « La dialogue nous a été imposé par des moyens de pression. Cela a commencé par des intimidations et des menaces », dénonce le Dr Benhabib

Le ministère de la Santé a derechef adressé une note aux directeurs des centres hospitalo-universitaires (CHU) leur enjoignant de procéder à des ponctions sur le salaire des grévistes « et de recourir à tous les moyens possibles et imaginables pour que l’activité reprenne », s’énerve M. Benhabib. Aussi, le même ministre leur a donné consigne « d’empêcher les médecins grévistes d’entrer dans leur services. »

Interrogé sur les déclarations du ministre de tutelle jugeant « illégale » la poursuite de la grève, M. Benhabib s’est contenté de dire : « Dès le départ, le pseudo dialogue lancé par le ministre consistait à arrêter la grève et à nous endormir avec des promesses sans lendemains comme il a l’habitude de le faire. L’objectif n’était pas de satisfaire nos revendications », dit-il.

Si le mouvement de grève illimitée, entamé lundi 28 mars, est toujours maintenu, les médecins résidents menacent désormais d’organiser un sit-in de protestation devant le siège de la présidence, sur les hauteurs d’Alger.

« Si on tient un sit-in, ça sera au moment opportun. Nous allons saisir en revanche le président Bouteflika dans l’espoir qu’il prenne en charge nos doléances car nous jugeons le ministère de la Santé incompétent», souligne M. Benhabib.