Les martyrs se sont sacrifiés pour une république sociale,Qu’est devenu ce rêve 49 ans plus tard?

Les martyrs se sont sacrifiés pour une république sociale,Qu’est devenu ce rêve 49 ans plus tard?

L’indépendance, oui, mais quid des libertés et du progrès?

Partout à travers le pays, le temps est à la célébration du 5 Juillet. Mais les questionnements ne sont pas absents dans la rue.

C’est aujourd’hui que les Algériens fêtent le 49e anniversaire de leur Indépendance mais tous les regards sont déjà tournés vers le 50e anniversaire. Pour une raison simple. Tout le monde, ou presque, est avide de faire de cette célébration un moyen de s’affirmer vis-à-vis de l’ex-puissance coloniale. Des épisodes houleux de la relation chaotique entre l’Algérie et la France ont été vécus ces dernières années.

L’un des dossiers encore en litige a été celui de la repentance. Périodiquement, cette revendication revient au-devant de la scène. La dernière visite à Alger du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a été une nouvelle opportunité pour s’exprimer sur le sujet. Selon lui, la France a résolument pris le parti de ne plus se lancer dans des demandes de pardon. Le dossier est-il clos pour autant? Certainement pas du côté algérien même si certains estiment que le colonialisme a été chassé à coups de fusil et qu’il ne reste plus de motifs à récriminations sur la question. Des mobiles liés à la diplomatie sont aussi mis en avant pour écarter cette éventualité. Il semble aussi que certains ne veulent pas attiser les lignes de partage avec la seule puissance nucléaire officielle en Méditerranéen ni approfondir le fossé avec un partenaire économique important. Mais au-delà de ces considérations de politique étrangère, c’est aussi et surtout, sur le plan interne qu’il faut chercher des significations, un sens à donner à cette fête nationale.

L’indépendance, oui, mais quid des libertés et du progrès? Opposants et officiels sont d’accord pour parler de crise. Politique d’abord et économique ensuite. Pour contourner cette impasse, les autorités ont vite fait de mettre en place des plans de développement et des consultations politiques. Le professeur Abderrahmane Mebtoul est l’un des observateurs à avoir effectué une synthèse sur la situation de l’Algérie qui fête ses 49 années d’indépendance.

Il conseille d’éviter la sinistrose car, selon lui, «tout ce qui a été entrepris depuis l’indépendance politique n’a pas été totalement négatif, surtout après une décennie sanglante entre 1990/1999 où la demande sociale a été comprimée et l’économie à l’arrêt».

Dans une contribution adressée à la rédaction, il poursuit en soulignant qu’il faut également éviter l’autosatisfaction. Il commence par se pencher sur le sort des 36,3 millions d’habitants en précisant les défis que cela impose puisque la demande d’emplois additionnelle varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an. En plus de la lutte contre le chômage, les pouvoirs publics ont aussi la tâche de chercher des solutions à d’autres phénomènes à l’instar des sureffectifs des administrations, des entreprises publiques et des emplois dans la sphère informelle.

Le pays compte dépenser 286 milliards de dollars en quelques années pour redonner vie à la sphère économique et redynamiser le front social. Mais là aussi, il est considéré que le taux d’efficacité des dépenses sociales est faible.

En réalité, la société entière reste tributaire, voire prisonnière de la rente des hydrocarbures qui participe pour plus de 80% directement à la dépense publique, ne laissant à ceux qui créent la richesse que moins de 20%.

Mais à qui est destinée cette rente? On sait que 70% des travailleurs perçoivent moins de 200 euros par mois alors que le Snmg a plus que doublé en passant de 6000 à 15.000 dinars ces dernières années. Dans la rue, diverses catégories de la population manifestent depuis des mois. Nombreux sont eux qui s’inquiètent de la dégradation de leur pouvoir d’achat.

Aussi, une interrogation s’impose: comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au Snmg, (120 euros par mois, soit 4 euros par jour alors que le prix du kilo de viande dépasse 9/10 euros, fait face aux dépenses incontournables et incompressibles: alimentation, transport, santé, éducation? En d’autres termes, ils estiment que les Algériens ont droit à de meilleures conditions de vie. Et de rappeler ce principe de «République sociale», qui a été inscrit dans la Déclaration du 1er Novembre 1954. Qu’est devenu ce rêve près de 50 ans plus tard?