Le maintien des quotas Opep, une mesure prise au terme de la conférence ministérielle de l’organisation tenue mercredi 8 juin à Vienne, a fait augmenter les cours de l’or noir dans des proportions inattendues.
Dans les échanges matinaux, jeudi, le baril de «light sweet crude» pour livraison en juillet prenait ainsi 8 cents, atteignant 102,01 dollars. Celui du brent de la mer du Nord pour livraison identique gagnait 33 cents à 119,90 dollars. Cette tendance a été différemment commentée par les spécialistes des marchés. Pour Matt Smith, de Summit Energy, cité par des médias, il y a un «soutien persistant» sur le marché, car le maintien des quotas a donné lieu à «des incertitudes». Normal ? La décision de l’Opep était imprévisible, tranchée au moment où nombre d’observateurs s’attendaient à un relèvement de l’offre de l’Opep, surtout que c’était l’Arabie saoudite qui poussait à la hausse. Ryad n’y a cependant pas réussi, parce que des pays importants, l’Iran en tête, s’y sont opposés.
Les Saoudiens n’y pouvaient rien, en fait, l’Opep fonctionnant par consensus. Mais que fera l’Arabie saoudite ? Les interrogations du marché se portent justement sur le comportement que va adopter l’Arabie saoudite, premier producteur de l’organisation pétrolière, dans les semaines à venir. Ryad pourrait rouvrir davantage les vannes sans passer par l’Opep, tout en mettant en avant le fait que des pays membres ne respectent pas les quotas de l’organisation. «Les quotas de production de l’Opep ne sont qu’un chiffre, qui n’est pas toujours respecté», a souligné Matt Smith. Néanmoins, le non-respect des quotas demeure toujours une question qui préoccupe l’Opep et qui a souvent menacé sa cohésion. Pour Tom Bentz, de BNP Paribas, «l’unique raison derrière la hausse du marché est que les investisseurs attendaient plus que ce qu’ils n’auraient dû. La réalité est que les Saoudiens vont faire ce qu’ils veulent et injecter plus de pétrole sur le marché».
Ils l’ont fait à plusieurs reprises, aux dires de beaucoup. Au-delà des divergences liées à l’offre et à la demande, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole fait face également à d’autres facteurs qui entrent en jeu, non sans influence sur les marchés, comme la hausse du dollar qui pèse en général sur les actifs libellés dans la monnaie américaine. Et ce n’est pas tout, les investisseurs ont ignoré une nouvelle déception sur un indicateur aux Etats-Unis, où les dépôts de demandes d’allocation chômage se sont maintenus à un niveau élevé la semaine passée, avec 427 000 inscriptions, là où les analystes tablaient sur un repli. Erreur de prévision ? Les courbes du chômage n’ont pas cessé de surprendre les observateurs.
Y. S