Ni le froid glacial, et une météo capricieuse, et ni la flambée des prix n’ont découragé, hier, les Algérois et Algéroises de se diriger en masse vers les marchés de la Capitale accomplir des courses et se préparer, ainsi, à accueillir dans l’ostentation et l’apparat les fêtes de fin d’année, qui se déroulent, cette fois-ci, concomitamment avec la célébration de la fête religieuse du Maoulid Ennabaoui Echarif.
C’est que les bourses de l’Algérien, même soumises à rude épreuve et à longueur d’année, n’ont pas empêché, outre mesure, nos concitoyens de s’apprêter à débourser des sommes conséquentes et de régler des notes, quoique l’on dise salées, afin de procéder à l’acquisition du nécessaire en cuisine pour célébrer les deux fêtes, l’avènement de la nouvelle année 2015 et le Maoulid Ennabaoui.
«Faute de moyens, j’ai décidé finalement de passer le réveillon chez moi, en famille», déclare Ali Bey A., un libraire tenant boutique au niveau de la célèbre rue commerçante Larbi Ben-M’hidi. «J’attends encore la dernière journée de l’année et je vais sûrement acheter un poulet, et demander à ma femme de nous préparer du couscous pour fêter les deux évènements», a-t-il opiné, tout en refusant poliment à évoquer la cherté des prix pratiqués sur les étals des marchés.
Ça se bouscule devant les étals
C’est que le marché est caractérisé par une conjoncture capricieuse, et que le commun des citoyens préfère ne pas trop étaler ses états d’âme devant les médias. En fait, et en nous faisant passer incognito pour un client, nous apprendrons auprès d’un commerçant que le poulet a atteint les cimes vertigineuses de 430 DA/kilo. À moins d’une semaine, le prix pratiqué pour le poulet variait autour des 380-360 DA/kilo. Pour une denrée très appréciée, et énormément prisée par la ménagère algérienne, c’est un effort financier supplémentaire qui est exigé du père de famille. À un journaliste, tel que nous nous sommes présentés, pas moyen de délier les langues des commerçants.
Faute de nous renvoyer, ils sont peu enclins à faire des confidences, ou à faire étalage de leurs chiffres d’affaires. En un mot comme en dix, les commerçants sont peu enclins à expliquer la mercuriale des prix, quand ils ne sont pas prompts à accuser les intermédiaires. Quand aux fruits et légumes, mieux vaut avoir des nerfs d’acier ou avoir bénéficié d’une prime de salaire conséquente pour ce faire. Un tour dans l’un des marchés d’Alger est édifiant.
La mercuriale est, en effet, montée en flèche et pratiquement à travers les marchés du territoire national. N’empêche, les étals des souks sont envahis par des pères de famille et des ménagères qui font outre les prix des articles et ne se font pas prier de mettre la main dans la poche. En vérité, c’est incroyable, comme la flambée de la mercuriale n’empêche pas les ménages algériens : couples ou, dans la majorité, des femmes, d’affluer et de se bousculer auprès des étals. Et il ne s’agit pas seulement d’appétits à assouvir, mais surtout de ne pas déroger à la règle de se conformer à une fête traditionnelle, commémorée par l’ensemble de la société et d’accueillir, comme il se doit, et dans la ferveur la double occasion.
Sur un autre registre, et même si la fête de Yennayer, anniversaire de l’année berbère, pointe du nez, les étals des caprices et autres friandises se le disputaient aux articles vestimentaires. De la Grande-Poste vers la Place des Martyrs, la foule allait et venait dans les deux sens, et c’est à qui s’arrêtait devant l’un des milliers d’étals, disséminés tout le long de ce trajet, négociant, achetant, ou tout simplement se renseignant sur le prix de tel ou tel article. Dans la plupart des cas, le commerce est florissant et les clients sont légion.
«Je profite de l’occasion de ma venue à Alger en visite, afin d’acquérir des vêtements pour mes enfants», nous a rétorqué Zakia M., une maman habitant dans la banlieue d’Alger. «Je trouve que les commerçants de la Capitale proposent des articles de qualité, et à des prix concurrentiels», ajoute notre maman, heureuse de pouvoir, en l’espace d’une journée, se balader comme elle l’entend.
Feux d’artifices et pétards…
C’est en famille, avec femme et accompagnés de leur marmaille, que les citoyens déambulaient dans les ruelles de la capitale, Alger, avons-nous constaté, lors d’une brève visite. Que ce soit à l’Avenue Didouche-Mourad, la Rue Larbi Ben-M’hidi ou au sein même du marché populaire de la Place des Martyrs, nous aurons tout le loisir de constater que les étals des feux d’artifices et pétards se bousculaient les uns des autres. «C’est 20, 100 et 150 DA les pétards, madame», selon une scène à laquelle nous avons assisté et au terme de laquelle une mère de famille avait fait l’acquisition d’un jeu de bougies.
Ce genre de négoce s’est multiplié devant nos yeux, lors de notre déambulation à Alger et pratiquement, il y avait un nombre incalculable de jeunes revendeurs, reconvertis, présentement, en revendeurs de feux d’artifices. Une mère de famille qu’un enfant, le sien en l’occurrence, pressait de satisfaire ses vœux, n’y est pas allée à se faire prier, et a consenti au vœu de son protégé, lui achetant un jeu de pétards au prix de 200 DA.
Un autre jeu de feux d’artifices est cédé à raison de 600 DA. Les étals de feux d’artifices, entassés les uns à côté des autres, étaient tenus majoritairement par de jeunes revendeurs mais, avons-nous remarqué, il y avait aussi la présence d’enfants mineurs qui s’ingéniaient dans la pratique de la réclame.
À côté des pétards, les étals étaient approvisionnés de jeux de bougies aux contours les plus fantaisistes qui soient, et qui valaient, aisément, leurs prix. C’est que l’occasion de passer d’agréables fêtes de fin d’année est inespérée et que le commun des Algériens cède, facilement, à la tentation de puiser dans son escarcelle afin de combler les désirs et attentes des membres de sa famille, ainsi que de ses proches. En clair, mercuriale ou pas, les fêtes de fin d’année et de célébration du Maoulid Ennabaoui, sont autant une chance de passer d’agréables moments qu’une aubaine pour les commerçants.
Mohamed Djamel