Des manifestations ont encore eu lieu hier à Oum Rawaba, dans le centre du Soudan, ont rapporté des témoins, alors que le calme prédomine à Khartoum, au cinquième jour d’une vague de protestations contre la hausse du prix du pain. La récente décision du gouvernement d’augmenter le prix du pain de 1 à 3 livres soudanaises (d’environ 27 à 90 DA) suscite depuis mercredi dernier des manifestations qui ont entraîné au moins huit morts – six à Al-Gadaref (est) et deux à Atbara (est) – lors de heurts avec les forces antiémeute, selon des responsables et des témoins. Le principal dirigeant d’opposition, Sadek al-Mahdi, a dénoncé samedi dernier la “répression armée”, et évoqué un bilan de 22 morts.
“Hier, des centaines de personnes se sont réunies sur le marché d’Oum Rawaba, dans l’État du Kordofan du Nord, scandant pour certains « le peuple veut la chute du régime »”, a indiqué par téléphone à l’AFP un habitant. La police les a empêchées de pénétrer dans un bâtiment officiel, a-t-il ajouté. Des pneus ont été brûlés dans les rues principales, a précisé un autre résident. En matinée, les grandes artères de Khartoum étaient en revanche calmes, alors qu’écoles et universités sont fermées pour une période indéterminée sur décision des autorités, a constaté un correspondant de l’AFP. Des policiers anti-émeute, équipés de matraques et de gaz lacrymogènes, étaient postés aux abords des bâtiments universitaires, d’après la même source. “On nous a demandé de quitter les lieux ce matin à 7h00” (5h00 GMT), a expliqué une étudiante d’une université du nord de Khartoum.
Ailleurs, des habitants faisaient la queue devant les boulangeries, qui refusaient de vendre plus de 20 miches de pain par personne. Hier, les autorités ont annoncé, via l’agence officielle Suna, l’arrestation d’une “cellule de saboteurs qui souhaitaient commettre des actes de vandalisme dans la capitale”. Elles ont ajouté que ce groupe comprenait des “membres de partis d’opposition”, sans les nommer. Sadiq Youssef, un cadre de la coalition d’opposition des Forces du consensus national, a affirmé samedi dernier que 14 membres de ce mouvement, dont le président Farouk Abou Eissa, avaient été arrêtés “à la sortie d’une réunion”. À Al-Gadaref, où les manifestations ont fait six morts jeudi dernier, le propriétaire d’une boutique a affirmé que les magasins avaient rouvert sous la surveillance de soldats. “Ils arpentent le marché armés”, a-t-il dit. Le Soudan connaît des difficultés économiques croissantes avec une inflation de près de 70% et une plongée de la livre soudanaise face au dollar.
R. I./Agences
