les Manifestations du 17 OCTOBRE 1961 évoquées à Béjaïa: Hommage à Fatima Beddar

les Manifestations du 17 OCTOBRE 1961 évoquées à Béjaïa: Hommage à Fatima Beddar

Elle est la seule femme parmi les victimes de la répression, noyée dans la Seine alors qu’elle n’avait pas encore 15 ans.

Les éditions Tira ont organisé, samedi dernier au théâtre de Béjaïa, une conférence-débat avec Mohamed Ghafi, communément appelé “Moh Clichy”, pour évoquer les manifestations du 17 octobre 1961 à Paris, réprimées dans le sang par la police française. Moh Clichy, un ancien responsable de la région Nord de Paris (1956-1962), a choisi de les aborder à travers un hommage à Fatima Beddar, noyée dans la Seine alors qu’elle n’avait pas encore 15 ans. Elle est d’ailleurs la seule femme parmi les victimes de la répression, qui avoisinerait un millier de mort, selon Mohamed Ghafir. Il s’est basé, pour ce faire, sur les listes nominatives de 495 victimes tuées, “et d’une centaine d’autres portées disparues, rendues publiques par l’historien Jean-Luc Einaudi ainsi que de dizaines d’autres, exécutées dans l’anonymat”. Mais aussi sur les témoignages d’anciens policiers français, qui avaient participé à ces exécutions sommaires, en “jetant des manifestants à l’eau, en les pendant aux arbres du bois de Vincennes ou en les brûlant vifs après avoir été arrosés d’essence”. La preuve : selon “Moh Clichy”, quelque 15 000 personnes avaient été arrêtées lors de cette manifestation où la police de Maurice Papon avait mobilisé pour leur répression plus de 7000 policiers auxquels se sont joints 1500 gendarmes. Il a rappelé avec insistance que l’écrasante majorité des victimes de la sauvage répression était des hommes ; les femmes et les enfants avaient dû leur salut au fait qu’ils soient “parqués dans les hôpitaux et les stades” avant d’être relâchés. Mais Fatima Beddar n’avait pas eu cette chance. Pis, la police de Papon avait maquillé son assassinat en suicide. Mais les enquêtes conduites notamment par des journalistes avaient révélé la cruelle vérité. Mohamed Ghafir en a profité aussi pour dédicacer son livre sur ces manifestations, qui avaient ébranlé la Ve République, instaurée en octobre 1958. Son instigateur, Charles de Gaulle, va charger son gouvernement d’engager des pourparlers avec des représentants du Front de libération nationale et son bras armé, l’Armée de libération nationale, parmi eux Réda Malek et Mohamed Seddik Benyahia. Pourparlers ayant débouché cinq mois après sur les négociations d’Évian. L’ancien responsable à la Fédération de France clamera que “c’est le 2e premier novembre” et d’insister en guise de conclusion sur l’intérêt de faire connaître aux nouvelles générations l’histoire de la guerre de libération, “du mouvement nationaliste et des sacrifices consentis pour la libération du pays”. Mohamed Ghafir est né le 19 janvier 1931 à Guenzet. À 21 ans, il a gagné la France, puis rejoint le FLN dont il deviendra l’un des responsables dans la capitale française. Il était responsable du secteur de Clichy, d’où son sobriquet donné affectueusement. D’ailleurs, il en tire une fierté. À l’indépendance, il sera dans le cabinet de Bachir Boumaza, ministre du Travail. Il exercera en outre au ministère de la Construction sous la direction d’Ahmed Boumendjel, au ministère du Tourisme puis au parti. Il a pris sa retraite en 1988. Depuis, il est devenu “un retraité actif”. Il active à la Fondation Amirat, celle du 8-Mai-1945 et enfin à l’association des Beni Yala.

M. Ouyougoute