Un manifestant a été tué dans la ville de Suez, à l’est du Caire, lors d’accrochages avec la police, ce qui porte à huit le nombre de décès en quatre jours de manifestations contre le régime.
Un manifestant a été tué vendredi 28 janvier dans la ville de Suez, à l’est du Caire, lors d’accrochages avec la police, ce qui porte à huit le nombre de décès au cours des quatre jours de manifestations sans précédent contre le régime du président Hosni Moubarak en Egypte.
La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles caoutchoutées pour disperser plusieurs milliers de manifestants antirégime rassemblés après la prière du vendredi dans le centre d’Alexandrie, deuxième ville d’Egypte, selon un journaliste de l’AFP sur place. 4.000 à 5.000 personnes s’étaient rassemblées dans une mosquée proche de la gare routière de Raml. Aussitôt la prière terminée, les fidèles ont scandé « Dieu est le plus grand » suivi de « On ne veut pas de lui« , faisant référence au président Hosni Moubarak. La police a tiré des coups de semonce avec des balles caoutchoutées et des gaz lacrymogènes pour disperser la foule qui ripostait par des jets de pierre.
Au Caire, des accrochages ont également éclaté entre la police et des manifestants devant une mosquée du centre à l’issue de la prière hebdomadaire à laquelle a participé l’opposant Mohamed ElBaradei.
Des forces de sécurité en force
Les forces de sécurité s’étaient mobilisées pour faire face à cette nouvelle journée de manifestation.
L’opposant égyptien le plus en vue, Mohamed ElBaradei, ex-patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a pris part aux protestations qui a entraîné plus de 1.000 arrestations.
La police a quadrillé les rues du Caire et était postée dans les endroits stratégiques de la capitale. Il s’agit des plus importantes protestations depuis l’arrivée au pouvoir en 1981 d’Hosni Moubarak, 82 ans, qui n’a pas commenté publiquement ce mouvement de contestation.
Le président égyptien est critiqué notamment pour n’avoir jamais levé l’état d’urgence en place depuis près de 30 ans. Avec plus de 80 millions d’habitants, l’Egypte est le pays le plus peuplé du monde arabe et plus de 40% de sa population vit avec moins de 2 dollars par jour et par personne.
« Il y a actuellement un blocage total d’Internet et des SMS »
Le réseau internet était inaccessible selon des usagers. Cependant, les sites de socialisation Facebook et de micro-blogging Twitter ont été largement utilisés par les militants appelant aux manifestations de contestation. Ils avaient au préalable été bloqués jeudi en début de soirée. « Le réseau Internet est coupé aujourd’hui (vendredi) en Egypte », a déclaré la réception d’un grand hôtel de la capitale, une information confirmée par d’autres établissements.
Avant l’aube, des internautes du Caire avaient déjà fait état de l’impossibilité de se connecter à l’Internet, tandis que d’autres signalaient des lenteurs et des coupures intermittentes. Un Français basé au Caire a fait part à Nouvelobs.com vers minuit qu’ »il y a actuellement un blocage total d’Internet et des SMS ». « Le gouvernement souhaite prévenir l’appel à la manifestation qui se relaye pour vendredi », estime-t-il.
Plusieurs particuliers contactés par l’AFP à travers le pays ont confirmé ne pas avoir accès au web. Il n’a pas été possible de joindre dans l’immédiat les fournisseurs internet pour expliquer ces coupures.
Les services de messagerie téléphonique ne fonctionnaient non plus vendredi matin, ont constaté des journalistes de l’AFP au Caire, une information confirmée par des usagers en province.
Les Frères musulmans dans les cortèges
Les Frères musulmans, principale force de l’opposition qui avaient au départ appuyé du bout des lèvres les manifestations, ont annoncé leur participation aux protestations « de la colère » de vendredi. Au moins vingt membres de la confrérie été arrêtés, a annoncé à l’AFP l’avocat de cette formation, Abdelmoneim Abdel Maqsoud.
Les manifestations ont été inspirées par le soulèvement populaire ayant chassé le président Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir en Tunisie à la mi-janvier.
Le président américain Barack Obama, lui, a affirmé que la violence n’était « pas une solution aux problèmes en Egypte ». Tout en qualifiant Mohammed Hosni Moubarak de « partenaire important », la Maison Blanche a dit ne pas vouloir prendre parti.
Conséquence des troubles, les matchs du championnat de football prévus vendredi et samedi ont été reportés.
(Nouvelobs.com avec AFP)