Les manifestants Turcs toujours mobilisés,Le gouvernement d’Ankara tente d’éteindre l’incendie

Les manifestants Turcs toujours mobilisés,Le gouvernement d’Ankara tente d’éteindre l’incendie
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La rue turque reste mobilisée sur la place Taksim d’Istanbul devenue la place «Tahrir» du Caire en 2011

La main tendue du gouvernement intervient alors que le bras de fer entre la rue et le pouvoir s’est durci mardi avec l’entrée en grève de la Confédération des syndicats du secteur public (Kesk).



Le gouvernement turc a tenté hier d’enrayer le mouvement de contestation politique sans précédent auquel il est confronté depuis cinq jours en appelant les manifestants, désormais appuyés par un important syndicat, à rentrer chez eux. Au terme d’une nouvelle nuit de mobilisation et de violences marquée par la mort d’un deuxième manifestant dans le sud du pays, le vice-Premier ministre Bülent Arinç a reconnu les «légitimes» revendications des écologistes à l’origine de la fronde et invité les protestataires à mettre un terme à leur action. «Je demande à tous les syndicats, tous les partis politiques et à tous ceux qui aiment et pensent à la Turquie de le faire aujourd’hui», a lancé le porte-parole du gouvernement, alors qu’une des plus grandes centrales syndicales du pays a engagé hier une grève de deux jours contre «la terreur exercée par l’Etat». En l’absence de la principale cible des manifestants, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, en tournée au Maghreb jusqu’à demain,M.Arinç, qui sortait d’un entretien avec le président Abdullah Gül, a dispensé des paroles apaisantes. D’abord en présentant ses excuses aux très nombreux blessés civils, à l’exception toutefois de «ceux qui ont causé des dégâts dans les rues et tenté d’entraver les libertés des gens». Comme il l’avait déjà fait samedi, le vice-Premier ministre a regretté l’usage abusif des gaz lacrymogènes par la police, «qui a fait déraper les choses». Sur un plan plus politique, il a également assuré que son gouvernement «respecte (…) les différents modes de vie» de tous les Turcs. Depuis le début de la contestation vendredi, les manifestants accusent M.Erdogan de dérives autoritaires et de vouloir «islamiser» la Turquie laïque. «Tout le monde n’est pas obligé de nous apprécier, mais nous sommes ouverts aux opinions de ceux qui ne nous soutiennent pas», a souligné M.Arinç. «Nous n’avons pas le droit ou le luxe d’ignorer le peuple, les démocraties ne peuvent pas exister sans opposition», a-t-il insisté, promettant d’avoir «retenu la leçon» de ces événements. Son discours conciliant a tranché avec la fermeté sans faille affichée depuis vendredi par le chef du gouvernement qui, sûr de son poids politique dans le pays, a renvoyé ses détracteurs aux élections locales de 2014. Volontiers provocateur, M.Erdogan a même jugé lundi depuis Rabat que la situation était «en train de revenir au calme». «A mon retour de cette visite (demain), les problèmes seront réglés», a-t-il lancé. La main tendue du gouvernement intervient alors que le bras de fer entre la rue et le pouvoir s’est durci hier avec l’entrée en grève de la Confédération des syndicats du secteur public (Kesk), une centrale marquée à gauche qui revendique 240.000 adhérents, et la mort d’un deuxième manifestant. Après la mort dimanche d’un jeune homme percuté par une voiture lors d’une manifestation à Istanbul, un deuxième protestataire âgé de 22 ans a été tué lundi soir dans un rassemblement à Hatay (sud-est) de plusieurs «coups de feu tirés par une personne non identifiée», a annoncé le gouverneur de la ville, Celalettin Lekesiz.. Si la situation était calme hier à la mi-journée, de violents affrontements ont encore opposé dans la nuit la police et les manifestants à Istanbul, Ankara ou Izmir (ouest), faisant de nombreux blessés. Au coeur de la protestation, l’emblématique place Taksim, dans le centre d’Istanbul, a une nouvelle fois été occupée une bonne partie de la nuit de lundi à mardi par des milliers de manifestants qui, bannières rouges au vent, ont réclamé le départ du chef du gouvernement aux cris de «Tayyip, démission!» Une porte-parole du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Mme Navy Pillay, a demandé à la Turquie de mener une enquête «rapide, complète, indépendante et impartiale» sur «les policiers qui auraient violé la loi et les standards internationaux des droits de l’Homme».