Les malades chroniques tirent la sonnette d’alarme

Les malades chroniques tirent la sonnette d’alarme

La vie de dix millions d’Algériens menacée

Des associations de malades invitées hier à la Radio nationale, tirent la sonnette d’alarme. Elles accusent, sans ambages, le ministère de la Santé d’avoir «fermé les portes» à leurs doléances.



Catastrophique est la situation des malades chroniques en Algérie. Ce sont 10 millions de personnes atteintes de maladies chroniques, soit 38% de la population, à souffrir, quotidiennement, de pénurie de médicaments, de précarité de prise en charge et de dysfonctionnement dans l’accès aux soins les plus élémentaires, même au niveau des services des urgences.

Des associations de malades invitées, hier, à la Radio nationale, tirent la sonnette d’alarme. Elles accusent, sans ambages, le ministère de la Santé d’avoir «fermé les portes» à leurs doléances.

Selon M. Boualleug, coordinateur du réseau algérien des malades chroniques, «des budgets colossaux sont dégagés par les autorités publiques, mais ne bénéficient pas aux malades, confrontés à la mauvaise gestion et au manque de suivi dont fait preuve la tutelle».

Il affirme que des malades chroniques «meurent» faute de disponibilité de médicaments. «A l’inexistence de prise en charge appropriée au niveau local, les portes sont fermées pour des soins à l’étranger» se plaint-il.

M. Boukhers, président de la Fédération des insuffisants rénaux, soutient, pour sa part, que les 13 000 malades enregistrés sont pris en charge dans des conditions inhumaines. «Ils rentrent dans les hôpitaux avec une seule maladie et ils en sortent avec 5 autres» révèle-t-il.

Mme Latifa Memhel, de l’association des hémophiles, lance de son côté, un appel de détresse, affirmant que «le remède contre cette maladie chronique est introuvable à l’échelle nationale et ne sera disponible qu’au mois de juillet prochain». Une pénurie dont les effets sont dé-sastreux, à savoir « la mort ou le handicap des malades». Pour les cancéreux, la situation est encore plus grave.

La présidente de l’association des malades atteints du cancer, Mme Ketab Habiba, dénonce «une pénurie flagrante de médicaments et une négligence dans la prise en charge des patients».

Une situation qui dure «depuis plusieurs mois», en l’absence de toute réaction de la part du ministère de la Santé. Dans les années précédentes, une moyenne de 35 000 nouveaux cas de cancer est diagnostiquée en Algérie, cette année, selon l’Institut national de la santé publique (INSP), le nombre a augmenté à 40 000 cas.

Des chiffres qui donnent froid dans le dos et renseignent sur l’échec de la stratégie de lutte contre cette maladie. Le cancer du sein, ajoute Mme Ketab, tue annuellement 3 700 femmes en Algérie et le chiffre risque de s’alourdir, dans les conditions actuelles.

En France, explique-t-elle, «89% des malades atteintes du cancer du sein ont des chances de guérir, alors que dans notre pays on parle plutôt de grands risques de décès». Et pour cause, «après l’ablation du sein, la patiente est torturée par la chimiothérapie, mais en l’absence de radiothérapie, les pauvres femmes meurent au bout de six mois» dénonce, la présidente de l’association des cancéreux.

Les malades chroniques souffrent également du manque de spécialistes et de coordination au sein des différents services. «L’absence du ministère de la Santé est telle que ce sont les associations de malades qui organisent des cycles de formation au profit des médecins», affirme M. Boualeug.

Le département de Saïd Barkat, «ne dispose pas de la liste des malades atteints de l’hépatite virale B et C pour pouvoir suivre leur cas et mettre à leur disposition les médicaments nécessaires», regrette-t-il.

Malgré l’urgence que requiert cette situation, «les directeurs centraux se déclarent dépassés, alors que le secrétaire général et le ministre de tutelle refusent de recevoir les associations de malades» se plaint M. Boualeug.

Dernier recours, les représentants des malades chroniques sollicitent l’intervention du président de la République pour sauver la vie de milliers de personnes «privées et de médicaments et d’accès aux soins».

Aomar F.