Les patients algériens souffrant d’un cancer connaissent une situation critique depuis plusieurs semaines.
Après une pénurie de médicaments, ils sont aujourd’hui confrontés à un manque cruel de traitement par radiothérapie. Les associations de malades et les médecins ont fait connaître leur mécontentement, et le ministère de la Santé a promis jeudi 16 septembre de remédier à cette situation.
Le problème n’est pas nouveau. En octobre dernier, le ministre de la Santé de l’époque, Said Barkat, avait annoncé un plan destiné à accroître le nombre de centres de traitement du cancer en Algérie, pour le faire passer de trois à dix-sept. Outre ces centres supplémentaires répartis dans l’ensemble du pays, un institut national de cancérologie était prévu à Oran.
Mais même avec ces nouveaux centres, le problème demeure. Mme Rabhi, présidente de l’Association El Fedjr, un groupe de soutien aux personnes atteintes d’un cancer, a expliqué en juin que « la pénurie de médicaments pénalise les patients et ajoute des complications supplémentaires à un état de santé déjà fragile. »
Les médecins travaillant dans les services spécialisés ont également fait part de leurs préoccupations dans un certain nombre de grands journaux, forçant le gouvernement à rompre le silence.
Le ministre de la Santé Djamel Ould Abbas avait alors promis un retour rapide à la normale et dégagé 40 millions d’euros pour importer les médicaments indisponibles en juillet dernier. Mais à peine ce problème était-il réglé que les patients atteints d’un cancer se plaignaient du manque d’équipements dans les services de radiothérapie.
Certains doivent attendre près de huit mois avant d’avoir l’espoir d’obtenir un rendez-vous pour une séance de radiothérapie. Cette situation est à imputer au nombre croissant de personnes atteintes d’un cancer.
Le professeur Mohamed Afiane, chef du service de radiologie au Centre Pierre et Marie Curie, a expliqué lors d’une réunion le 11 septembre que « sur les 40 000 nouveaux cas de cancer détectés chaque année, 28 000 exigent une radiothérapie, mais actuellement, nous ne sommes en mesure de ne traiter que 8 000 cas. »
Le professeur Boudjemaa Mansouri, directeur du département à l’hôpital de Bab El Oued, demande que de nouveaux centres de traitement du cancer soient ouverts afin de répondre au manque de capacités.
Ces pénuries entraînent des souffrances chez les patients. Hafida Djair, traitée il y a deux mois pour un cancer utérin, a expliqué à Magharebia que « après mon opération, mon médecin traitant m’a orientée vers le service de radiothérapie pour entamer le traitement. La secrétaire m’a informée que je ne pourrais entamer la thérapie qu’au mois de mars 2011. Sa réponse m’a choquée. J’ai cru au début à une erreur, mais elle m’a expliqué qu’il y avait beaucoup trop de malades qui attendaient un rendez-vous. D’ici mars 2011, je me demande si je serais vivante ou morte. C’est vraiment inacceptable. »
S’exprimant lors de l’inauguration d’un nouveau centre de cancérologie à Alger le 16 septembre, le ministre de la Santé s’est engagé à acheter plus d’équipements et a demandé que ce centre devienne un centre de radiothérapie.
« L’Etat veille à alléger le poids qui pèse sur les patients en général et les cancéreux en particulier, en assurant la disponibilité des médicaments et par l’ouverture de nouveaux centres de lutte contre le cancer et l’acquisition de nouveaux appareils de radiothérapie », a-t-il déclaré. Il a ajouté que « l’acquisition de ces nouveaux équipements pourrait prendre beaucoup de temps, car ils ne sont fabriqués que par deux usines spécialisées au niveau mondial. Cette acquisition devra alléger les centres d’Alger, de Constantine et d’Oran de la surcharge qu’ils connaissent actuellement. »
Mais alors que le ministère de la Santé attend ses nouveaux équipements, les patients et leurs familles vivent dans l’angoisse.
« Je viens tous les trois jours me renseigner pour voir si les médicaments pour le traitement de mon frère sont disponibles ou pas. La réponse est toujours négative. Je me demande s’ils attendent de voir les cancéreux mourir avant de réagir », explique Selma Haoua.