Les malades abandonnés à leur sort,La santé fait grève et les patients crèvent

Les malades abandonnés à leur sort,La santé fait grève et les patients crèvent

«Malheur à celui ou celle qui se retrouve dans un hôpital public dans ces conditions misérables»

La mine défaite, ce citoyen ne sait plus à quel saint se vouer.

Des patients perdus, désespérés et hagards allaient dans tous les sens. Il n’est pas bon de se rendre à l’hôpital Mustapha-Pacha en ces jours de grève. Hier, tous les services étaient submergés par une foule perdue.

Sur les visages, la détresse se lisait. C’est l’anarchie totale. C’est un véritable souk. Telle a été l’image qui se dégageait hier à l’hôpital Mustapha-Pacha. «Je ne trouve plus les mots pour décrire ma détresse, je viens de Chlef pour la deuxième fois, j’accompagne ma mère qui fait sa séance de chimiothérapie, mais à chaque fois, ils reportent le rendez-vous pour des raisons inconnues. Maintenant, je dois rentrer à Chlef pour revenir demain», se plaint le parent d’une malade.

La mine défaite, ce citoyen ne sait plus à quel saint se vouer. «En temps normal, ils ne font pas leur travail convenablement, encore moins quand ils sont en grève. De quel service minimum nous parlent-ils? Ils n’accordent même pas le temps d’aborder les malades», commente, furieux, un autre parent d’un autre patient. «Malheur à celui ou celle qui se retrouve dans un hôpital public dans ces conditions misérables. Je viens de M’sila, et mon rendez-vous est reporté à plus de deux mois, c’est un véritable souk. Ce n’est pas un hôpital», peste un malade, l’air très abattu. Avant-hier, plusieurs associations de malades chroniques ont appelé à ne pas prendre le patient «en otage» par la grève décidée lundi et, pour la deuxième fois consécutive, par l’Intersyndicale des professionnels de la santé avec la «garantie d’un service minimum» au niveau des urgences et de certains services hospitaliers. «La personne atteinte de maladie chronique, en particulier l’hypertension artérielle est prise en otage par la grève du fait de l’absence de prise en charge», a indiqué le président de l’Association des hypertendus, Mokhbi Kheireddine. L’hypertendu, a-t-il dit, «a besoin d’une prise en charge spécifique pour éviter l’aggravation de son cas», imputant la dégradation de l’état de santé du malade chronique à «l’absence du service minimum dans les hôpitaux et centres de santé». A cause de la grève, ces établissements hospitaliers accusent ces derniers jours une «absence quasi totale de médecins généralistes et du personnel paramédical pour s’occuper des malades», a-t-il encore fait remarquer. Beaucoup de patients, notamment les hypertendus ont été surpris par le report des rendez-vous et consultations provoquant ainsi l’aggravation de certains cas nécessitant une prise en charge en urgence, a encore précisé M.Mokhbi. Pour sa part, Mme Guidoum Salima, membre de l’Association de lutte contre le cancer «Al Fadjr», a tiré la sonnette d’alarme face à la situation critique des cancéreux dont les rendez-vous de chimiothérapie et de radiothérapie sont reportés à une date ultérieure en raison de la grève qui a paralysé l’activité dans plusieurs hôpitaux et centres de santé publique. «Les responsables de la santé publique se doivent d’assurer les soins médicaux aux cancéreux au regard de la gravité de la maladie», a-t-elle souligné, déplorant le fait de prendre le patient doublement «en otage à la fois par la maladie et par la grève». Les grévistes dont les corps communs, des paramédicaux, et même des médecins qui ont rejoint la protestation depuis le 29 avril, se rassemblent devant leurs services, discutent. De quoi parlent-ils,? Allez savoir. Il disent qu’ils tiennent un sit-in. «Vous pensez que cette situation nous fait plaisir. Vous pensez que nous sommes des gens insensibles?», réplique un surveillant médical accosté par des citoyens accompagnant des patients. «Nous sommes dans la même situation, nos conditions de travail sont horribles et à chaque fois qu’on revendique nos droits ils sortent la matraque. Vous trouvez normal qu’on tabasse un médecin, un infirmier?» ajoute-t-il dégoûté.

Les patients ne souhaitent qu’une seule chose, que leur rendez-vous ou intervention chirurgicale ne fassent plus l’objet d’un autre report. Hier, la situation était à son comble. Les deux parties se rejettent la balle. «Ne croyez pas que le ministre a une bourse à sa merci qu’il dessere à chaque revendication. Souvent il est obligé de supplier le ministre des Finances pour un dinar supplémentaire», rappelle un retraité et ancien responsable au ministère de la Santé. En attendant, c’est la guerre des chiffres sur le taux des grévistes. Le taux de suivi de la grève de l’intersyndicale de la santé durant la journée d’avant-hier est estimé à 18%, a indiqué hier le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière dans un communiqué qualifiant ce taux de marginal. Le ministère a donné des «instructions fermes» aux responsables des établissements publics de santé pour apposer à cette grève toutes les dispositions réglementaires prévues à l’effet d’assurer la continuité du service public et d’éviter aux usagers de certains hôpitaux d’être les otages d’éléments extrémistes et irresponsables. Réitérant sa disponibilité à un dialogue franc et responsable avec l’ensemble des partenaires sociaux, y compris avec la minorité syndicale en grève illégale. Le ministère a rappelé que «le processus de réhabilitation des différents corps particuliers de la santé s’est traduit par une amélioration sans précédent de leur statut socioprofessionnel en les situant en haut de l’échelle de la Fonction publique». Le ministère a rappelé aussi que «des avancées notables ont été enregistrées dans la prise en charge des revendications des professionnels de la santé depuis le dernier trimestre de l’année 2012».