Les “lois des réformes” enfin promulguées, Bouteflika balise le terrain

Les “lois des réformes” enfin promulguées, Bouteflika balise le terrain
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Les responsables algériens défendent crânement “l’exception algérienne”, arguant que le pays a déjà connu ses “printemps” et qu’il a déjà payé un lourd tribut à l’islamisme politique.

Les réformes politiques promises par le président Bouteflika sont devenues effectives, depuis jeudi. La promulgation de ces lois, après avis favorable du Conseil constitutionnel, confirme ce qu’avait déjà affirmé le chef de l’État, à savoir sa satisfaction du contenu des réformes adoptées par le Parlement.

Il s’agit de cinq lois organiques relatives respectivement au régime électoral, aux cas d’incompatibilité avec le mandat parlementaire, à l’élargissement des chances d’accès de la femme à la représentation dans les assemblées élues, à l’information et aux partis politiques ainsi que la loi relative aux associations. Le président Bouteflika a, donc, tranché en faveur des partis de l’Alliance qui ont tout fait pour limiter la portée des réformes politiques. Supprimée l’obligation faite aux ministres de démissionner de leur poste s’ils se présentent aux élections, le quota des femmes dans les assemblées élues a été réduit par les députés, les associations seront régies par une loi qui limite grandement leur liberté et, pour clore le tout, un code de l’information qui limite drastiquement l’accès aux sources d’information.

Cette batterie de lois, dictée par la crainte d’une contagion “révolutionnaire”, ne marque pas une avancée démocratique. Elle est destinée beaucoup plus à convaincre la communauté internationale que l’Algérie est dans un processus de changement démocratique. Le président Bouteflika a été explicite à ce sujet, à l’ouverture de l’année judiciaire, en décembre dernier, en déclarant que l’Algérie n’était ni l’Angleterre ni la France, et qu’il fallait aller doucement, par petites doses. Les responsables algériens ont multiplié, ces derniers temps, les messages en direction de la communauté internationale, persuadés que l’Algérie n’était pas à l’abri d’une “révolution héliportée”. Pour les responsables algériens, le pays n’est pas insensible au Printemps arabe, et les réformes engagées en sont une première réponse. Mais les responsables algériens défendent crânement “l’exception algérienne”, arguant que le pays a déjà connu ses “printemps” et qu’il a déjà payé un lourd tribut à l’islamisme politique. C’est, d’ailleurs, l’amère expérience de l’Algérie que veulent éviter les islamistes arrivés au pouvoir en Tunisie, en Égypte, en Libye et au Maroc.

Et c’est cette amère expérience qui fait dire aux responsables algériens qu’un raz-de-marée islamiste, lors des législatives de mai prochain était “peu probable”, sachant que les séquelles de la décennie rouge restent encore vivaces.

Avec la promulgation de la loi sur les partis, la scène politique sera agrémentée d’une douzaine de nouvelles formations politiques qui viendront s’ajouter à celles déjà agréées.

Mais, à moins de cinq mois des élections législatives, ces agréments de dernière minute ne devraient pas permettre à ces partis d’avoir les mêmes chances que celles dont disposent les autres partis.

N’empêche, cette trouvaille des responsables algériens serait la principale curiosité du scrutin de mai prochain, dans la mesure où l’on saura si ces nouveaux partis vont apporter un plus, du moins dans leur discours, ou si ce serai une simple duplication des partis déjà existants.

A.B