Les listes des candidats aux législatives ont eu l’effet d’un séisme au sein du parti,Coup d’Etat électoral au FLN

Les listes des candidats aux législatives ont eu l’effet d’un séisme au sein du parti,Coup d’Etat électoral au FLN

Les militants, les chevronnés crient au coup d’Etat et à de graves dérives

Ce qui reste de l’aile républicaine et moderniste du FLN vient d’être complément laminé.

Après un conclave qui a duré plusieurs jours et un suspense sciemment entretenu, le comité central du FLN a enfin révélé la liste des candidats aux prochaines législatives. Une liste qui eu l’effet d’un véritable séisme au sein de la maison du vieux parti.

Les militants, les chevronnés crient au coup d’Etat et à de graves dérives. «C’est l’incompétence absolue du bureau politique à étudier et établir les listes de candidatures. Il y a de l’opacité et une absence de transparence dans les travaux dudit bureau politique», a dénoncé l’avocate Belgacem Chelouche Fatiha députée de la wilaya d’Alger de 2007 à 2012, dans une lettre adressée hier au secrétaire général du parti. «Comment se fait-il que l’instance exécutive (le bureau politique), sans aucune délégation spéciale du comité central examine, sélectionne, classe et rejette les dossiers des membres du comité central candidats aux législatives. et en vertu de quelles compétences?», s’est interrogée Maître Belgacem Chelouche dans sa missive rédigée sur un ton dénonciateur rappelant à M.Belkhadem que le FLN «n’est pas une société par actions gérée par un conseil d’administration». Révoltée, cette avocate n’admet pas que l’on sacrifie «des responsabilités qui doivent être précisées, assurées et assumées». Dans son document, elle s’est dite sidérée de la manière avec laquelle «les cadres féminins expérimentés ont été éliminés» sans état d’âme «des listes de candidatures aux législatives sans justification». Ce n’est pas une surprise pour le chef de file du mouvement de redressement Salah Goudjil. «Il y a trop d’exclusion et la contestation n’est pas uniquement au niveau d’Alger mais dans toutes les wilayas», regrette-il en annonçant par-là même la tenue d’une conférence de presse ce matin à Draria, pour faire le point sur la situation. «La situation est très délicate au parti» s’est-il contenté de dire. Fidèle soutien de Belkhadem, habituellement mesuré, Abdelhamid Si Affif laisse, lui aussi, exploser sa colère. «Nous sommes face à de graves dérives, de très graves dérives, le moment est grave, ça me fait peur». Jamais ce responsable FLN pur et dur n’a utilisé un ton aussi grave jusqu’à donner l’impression de se rebeller contre la direction de son parti.

«J’ai encore des choses à dire prochainement», promet-il d’une voix nouée. Pour ce membre du bureau politique du FLN et président de la commission des affaires étrangères, de la coopération et de la communauté nationale à l’APN, «c’est tout simplement l’aile républicaine et moderniste qui vient d’être laminée au sein du FLN. C’est sous cet angle qu’il faut faire la lecture de cette liste aux législatives». Une affirmation pour le moins grave car la future assemblée aura effectivement la charge de réviser la Constitution. Présenté comme une digue contre l’islamisme, le FLN a dans ce cas perdu sa force de frappe et sa capacité de résistance pour céder la place aux conservateurs. L’Algérie a déjà fait l’expérience de la gestion de ces derniers. Ce sont eux qui avaient préparé le lit douillet de l’intégrisme. Les militants du FLN découvrent étonnés que c’est Mohamed Larbi Ould Khelifa, président du Haut Conseil de la langue arabe, qui sera en tête de la liste de la capitale. Que la deuxième place sur la liste est attribuée à Salah Eddine Bourezak, cardiologue et député.

Que Wahid Bouabdallah, ex- président-directeur général de la compagnie Air Algérie s’est vu attribuer la troisième position. Et enfin, cerise sur le gâteau, Asma Ben Kada, l’ex-épouse algérienne du cheikh Youssef Al Qaradaoui, est en quatrième position. Dans tous les pays du monde, les formations politiques puisent dans les rangs des cadres, qu’ils soient structurés ou non structurés, surtout quand il s’agit d’échéances aussi importantes que les prochaines législatives. Et au FLN, il n’y a pas que des illettrés. Le parti regorge de cadres de valeur, jeunes et compétents.

Ces cadres se trouvent dans les kasmas, dans les mouhafadhas, au comité central et dans les autres structures du parti. Pourquoi alors M.Belkhadem n’a-t-il pas puisé dans ce gisement de cadres? La démarche des responsables du FLN a été maladroite car il y a une implacable logique: si le parti ne fait pas appel à ses compétences en ce moment crucial que vit le pays, cela signifie qu’il ne reconnaît pas leur appartenance au FLN, voire il leur conteste cette appartenance, ce qui est d’une extrême gravité pour le parti. Ensuite, si le parti considère qu’un membre du comité central ou du bureau politique est incapable de mobiliser, de sensibiliser et de briguer des voix dans sa circonscription, cela veut dire que ces membres ne méritaient pas leur place. Et c’est toute l’architecture du parti qu’il faut revoir. Or, le FLN, comme à son habitude, a surpris son monde.

Mais cette fois-ci la surprise a été de mauvais goût. Elle risque d’engendrer de lourdes conséquences telles que la démobilisation, la chute de l’enthousiasme des véritables cadres du parti.