Souvent décrite comme une vraie « carte postale », Jijel et ses environs, lovés langoureusement dans la célèbre corniche, entre le bleu des flots de la Méditerranée et la verdure des forêts, est riche de sites et de curiosités naturelles qui font sa réputation, même au-delà des frontières.
L’alliance naturelle de la mer et de la terre — un mariage de la nature et de l’histoire — ont conféré à cette contrée septentrionale de l’Algérie de grandes potentialités à même de promouvoir un développement du tourisme durable.
Avec un littoral de 120 km au rivage au sable fin et doré, parsemé de criques, d’îles, d’îlots et d’autres sites enchanteurs et envoûtants à l’approche de chaque virage, auxquels s’ajoute un arrière-pays pittoresque à couper le souffle par endroits, la capitale de la Côte de saphir ressemble, à s’y méprendre, à un éden tel que l’homme se l’imagine.
Les Grottes merveilleuses, une des plus célèbres curiosités de la nature
La corniche est surtout célèbre pour ses Grottes merveilleuses, situées dans la commune de Ziama Mansouriah. Une vraie merveille de Dame Nature par les sculptures des stalactites et des stalagmites façonnés par le temps. Mises au jour en 1917 lors des travaux de réalisation de la route qui relie Jijel à la commune côtière de Ziama, ces excavations où la température est basse en été et élevée en hiver constituent un lieu de prédilection de milliers d’estivants et de touristes. Des études du milieu naturel de ces grottes ont fait ressortir l’existence d’une dizaine d’autres grottes, aussi intéressantes les unes que les autres, dont celle de Ghar el Baz (la grotte de l’épervier), aménagée et ouverte au public. Autre merveille, le Parc national de Taza (PNT) avec ses 3.807 hectares, couvrant des aires marines et terrestres. C’est aussi un espace très prisé pour ses espèces faunistiques et floristiques. Inclus dans le réseau mondial des réserves de la biosphère de l’UNESCO, ce parc compte 146 espèces faunistiques parmi les mammifères et les oiseaux, 15 espèces de mammifères dont le singe magot, espèce rare et endémique à l’Afrique du Nord, ou encore la Sittelle kabyle, et 435 espèces végétales inventoriées.
De création récente, le parc animalier de Kissir, situé à un jet de pierre du barrage hydraulique éponyme, est un autre espace de détente et de loisirs qui fait la fierté de la wilaya de Jijel. Il constitue lui encore une destination qu’on ne peut éviter lors d’un séjour dans l’antique Igilgili, fût-il de courte durée. En cinq ans d’existence, ce parc a prouvé son utilité et affirmé sa vocation et sa raison d’être, dans une région qui manquait cruellement d’infrastructures de loisirs. Non loin de cet espace naturel, le Grand phare, appelé localement Ras el Afia, veille, tel une sentinelle, sur la côte.
Edifié aux environs de 1865 par un tailleur de pierres du nom de Charles Savla, ce phare a été construit pour signaler aux navires la présence de deux écueils dangereux, la Salamandre, au nord du phare, et le Banc des Kabyles, beaucoup plus large, à l’est. Le premier écueil porte le nom d’un bateau qui a sombré sur le récif, alors que le second doit son nom aux pèlerins partant de Bougie (l’actuelle Béjaïa) vers Philippeville (l’actuelle Skikda) afin de s’embarquer pour La Mecque.
Le caboteur qui les transportait a été submergé à cet endroit par une lame de fond et à coulé à pic, rapporte une légende, qui ajoute que par temps clair, il est possible de voir ces pèlerins assis sur le récif, d’où son nom de Banc des Kabyles. A l’ouest, El Aouana (Cavallo), avec son « îlot aux chèvres » (Ed’Zira) et d’autres îlots dispersés, fait aussi figure d’un havre de paix. Cet endroit est comparable à la baie de Guanabara à Rio de Janeiro (Brésil) avec son « pain de sucre ». Ce site s’est enrichi d’un port de pêche et de plaisance qui contribuera à la prospérité de la région, notamment en matière de promotion du tourisme et de développement du secteur de la pêche.
La source d’Aïn Lemachaki, une « colle » pour les hydrologues. Sur les hauteurs, la commune de Selma Benziada, emmitouflée dans un calme olympien, offre aux curieux la source d’Aïn Lemchaki (la fontaine des Lamentations). Vrai mystère, objet de diverses légendes, cette source fraîche en été et chaude en hiver présente un débit très particulier : l’eau commence par jaillir en abondance de la grotte, puis son débit diminue graduellement et, au bout de dix minutes, s’arrête complètement. Puis, le débit reprend après quarante minutes non sans donner du fil à retordre aux hydrogéologues et autres spécialistes en hydraulique. L’un d’eux qui s’est évertué à expliquer ce phénomène s’est contenté de comparer ce cycle au principe du siphon, un dispositif servant à transvaser des liquides. Toutes ses merveilles de Dame Nature font dire à Nabil B., un trentenaire qui n’échangerait pour rien au monde ses parties de pêche à la palangrotte du côté de Rabta, que la corniche jijelienne suffirait à elle seule à donner des « ailes » au tourisme national.