Il a neigé à Alger. Il a neigé aussi et beaucoup sur les autres régions côtières du pays. Il a neigé plus qu’il n’en fallait sur les villes et villages situés à une centaine de mètres du niveau de la mer
La vague de froid, accompagnée de fortes chutes de pluies et de neige, qui affecte notre pays devrait persister jusqu’à mercredi, selon les services de la météo nationale. Autant dire que les populations algériennes doivent prendre leur mal en patience. Et pour cause. Les activités de divers secteurs dans plusieurs régions du pays sont réduites à leur plus simple expression. Les routes et axes routiers sont parfois coupés à la circulation. L’approvisionnement en denrées alimentaires est aléatoire et les dégâts collatéraux sont inévitables.
Le scénario est devenu habituel : le sempiternel problème entre l’offre et la demande. Un problème qui a surgi ces derniers jours de fortes perturbations atmosphériques.
Ce dont profitent les commerçants spéculateurs pour imposer leurs prix. Marché Rédha Houhou, hier à Alger-centre. Il est onze heures trente du matin en ce jour glacial. Les allées du marché sont presque vides. Les étals des marchands sont-ils boudés par les clients ? Les marchands ont bien achalandé leurs étals. De la variété et parfois aussi de la qualité. Il ne manque aucune variété de légumes. Des légumes de saison, sauf pour les poivrons et les piments. Paradoxalement, les fruits sont moins abondants que d’habitude. Les plantes aromatiques, elles, ont déserté les étals. La dame, une mère de famille d’une quarantaine d’année qui faisait face au marchand était bien perplexe. Qu’est-ce qu’elle doit acheter pour la popote du soir s’est-elle demandée. Elle n’avait guère le choix. Les prix affichés étaient pratiquement tous les mêmes chez les commerçants. A tout seigneur, tout honneur la pomme de terre. Elle affichait fièrement les 70 DA. Elle était «clean» sans ces particules de terre qui l’accompagne souvent. Elle vient d’Adrar, explique le marchand à la dame. La neige et la pluie ont perturbé la récolte des tubercules dans les régions traditionnellement productrices comme Ain-Defla ou Mascara qui approvisionnent les marchés de fruits et légumes de la capitale. La tomate, elle, n’a pas rougi en affichant les 120 DA. Et surprise, un peu plus loin, elle a baissé ses prétentions. Elle est cédée à 60 DA. Du simple au double. Devant l’étonnement de la dame, le marchand explique cette différence de prix par le fait que l’une (la plus chère) vient des serres de la Mitidja et que l’autre est la récolte des champs de l’extrême- Sud du pays à Adrar. Elle opte pour celle de la Mitidja qui est bien plus charnue et juteuse que celle d’Adrar qui paraît manquer de jus. Elle pensait mijoter un tadjine d’haricots verts. Mal lui en prit. Les haricots verts ont pris dangereusement de la hauteur. 400 DA le kilo annonce le marchand sans sourciller.
La chose lui paraît «normale». C’est le mauvais temps qui tire les prix vers le haut, justifie-t-il. Les autres légumes ont gagné eux aussi quelques dizaines de dinars en l’espace de deux jours. Elles affichent toutes des prix supérieurs à 100 DA. La courgette ne veut pas descendre de son seuil gagné les jours de l’Aïd El Adha, 160 DA le kilo. La carotte, les artichauts, le fenouil et le navet sont sur le même pied d’égalité : 100 DA/kg. Les piments, eux, sont vraiment piquants. Le poivron est à 160 DA et l’autre plus piquant affiche 170 DA/kg. La salade n’est pas en reste. Elle coûte 120 DA/kg. Telle était la mercuriale, le jour d’après la forte perturbation atmosphérique qui a touché toutes les régions du pays.
Par : Sadek Belhocine