La présidente du Croissant rouge Algérie (CRA), Saïda Benhabyles, a été on ne peut plus claire : » Il est hors de question de filmer ou de faire des reportages sur les migrants nigériens ». La responsable du CRA répondait ainsi à une demande d’accréditation du Huffington Post Algérie à l’opération de rapatriement des migrants nigériens -organisée par les autorités algériennes à la demande du Niger et confiée au CRA- qui a été annoncée comme » imminente ».
Contactée par téléphone, hier, 2 décembre, Mme Benhabyles, a catégoriquement refusé toute participation des journalistes au convoi prévu par bus à partir des 56 centres d’accueil répartis sur le territoire national vers Tamanrasset d’où les migrants seront acheminés vers leurs villes d’origine.
« J’ai toujours refusé qu’on filme ces gens-là pour les donner en spectacle. Pour moi c’est une abominable atteinte à la dignité humaine que d’en faire une page de propagande. Ils ont suffisamment souffert. Ce n’est pas la peine d’aller remuer le couteau dans la plaie », a-t-elle justifié, ajoutant que les journalistes sont en contact direct avec elle et qu’elle répond à toutes les questions.
Toutefois, interrogée sur les détails chiffrés de l’opération, Saïda Benhabyles, mettra rapidement fin à la conversation téléphonique, coupant court par un « merci, au revoir ».
Les journalistes devront donc se contenter des déclarations de la Présidente du CRA qui ne cesse de répéter que les « volontaires au retour » bénéficieront de « toutes les commodités », avant, pendant et même après le rapatriement « où ils seront accompagnés dans la création de micro-projets au Niger », a fait savoir Saïda Benhabyles mardi 2 décembre sur les ondes de la radio algérienne.
Malgré ces informations, plutôt partielles, de nombreuses questions demeurent. Combien va coûter à l’Etat algérien une telle opération qui est intégralement financée par les deniers publics? La prise en charge des autres migrants non-Nigériens a-t-elle été organisée ? Que vont devenir les migrants nigériens refusant de rentrer et qui pourraient être plus nombreux que les volontaires à en croire un des rares reportages informatifs publiés sur le sujet, hier, par le quotidien Horizons.
Autant de questions qui méritent des réponses. L’argument de pudeur avancé par Mme Benhabyles ne dispense pas de livrer des informations élémentaires que l’on peut légitimement attendre des responsables.