Au lendemain de l’annonce par le patron du groupe Cevital, Issad Rebrab, de l’introduction du journal El Khabar à la Bourse d’Alger, l’ambiance est plutôt très décontractée au niveau de la rédaction. La confiance règne au sein d’un collectif qui n’abdique pas. La réunion de rédaction achevée, les journalistes rejoignent leur propre rubrique et s’attellent à confectionner le journal d’aujourd’hui. Journaliste en économie, Saïd Bechar est confiant.
“C’est une première en Algérie. Cela engage l’avenir de notre journal qui, au demeurant, est déterminé à poursuivre son combat et à maintenir sa ligne éditoriale. Il faut dire que nous n’avons pas une expérience dans ce domaine en Algérie. Du coup, on suivra l’évolution de cette annonce faite par Issad Rebrab sur France 24. C’est pour vous dire que nous sommes confiants au sein du collectif d’El Khabar.”
À la question de savoir si cette annonce a impacté le rythme de travail, notre confrère dira que “cette démarche n’a pas impacté sur notre boulot que nous faisons avec une conscience professionnelle. Et depuis le rachat du groupe El Khabar par Cevital, nous n’avons jamais reçu de directives pour changer de méthode de travail. Le moral du collectif est intact !”.
Khaled Boudia, journaliste politique, affiche un total optimisme. “M. Rebrab est un homme confiant et nous avons confiance en lui. Je suis optimiste quant à l’avenir de notre journal. M. Rebrab a donné des garanties et il s’est engagé à les respecter. La décision d’introduire El Khabar à la Bourse d’Alger ne veut nullement signifier tuer notre titre contrairement à ce qui se dit ici et là”, explique notre confrère qui martèle : “Notre but est la survie d’El Khabar. Nous partageons le même objectif avec M. Rebrab. Cet homme a une nette conscience pour préserver notre journal et ses acquis. Aujourd’hui, El Khabar est un grand groupe. Que Rebrab sache que nous, les journalistes, sommes prêts à l’aider chaque jour dans ses démarches. Nous sommes très organisés et nous avons un syndicat. Nous avons organisé quatre sit-in devant le tribunal de Bir-Mourad-Raïs.”
Selon notre interlocuteur, une réunion se tiendra aujourd’hui entre le directeur général du journal, Cherif Rezki, et le syndicat du journal pour débattre de cette question. Interrogé à ce propos, Khaled Boudia a révélé que “Cherif Rezki a livré un message, et selon lequel, la démarche de M. Rebrab travaille l’intérêt du groupe ! Du reste, et concernant cette série de procès, nous sommes convaincus qu’il s’agit d’un acharnement contre El Khabar”.
Côté partenaire social, Djalal Bouati, membre exécutif du syndicat du journal, estime qu’“Issad Rebrab est un homme d’affaires très avisé et très conseillé. De notre côté, tout ce qui garantit la survie de l’entreprise, des emplois et de l’état d’esprit d’El Khabar est le bienvenu. Concernant l’introduction du groupe à la Bourse d’Alger, j’estime qu’il s’agit d’une diversification de ressources financières et d’investissements. En revanche, je suis contre les arguments fallacieux selon lesquels, le rachat du groupe El Khabar par Cevital revêt un caractère politique”.
Notre confrère, qui espère, par ailleurs, que cette affaire connaisse un dénouement rapide, rappelle que ce journal a payé un lourd tribut durant les années de braise. “El Khabar doit sortir gagnant dans cette bataille, et cela, dans l’intérêt de tout le monde, y compris le gouvernement qui n’a pas intérêt à remettre en cause le pluralisme médiatique en Algérie. De notre côté, nous continuons à sensibiliser les travailleurs pour poursuivre leur noble mission et à ne pas abdiquer devant des décisions sans lendemain.” Même son de cloche chez Atmani Mohamed El-Fatih, journaliste dans la rubrique Société. Selon lui, “le collectif d’El Khabar travaille sans contrainte et la décision de M. Rebrab d’introduire ce journal à la Bourse d’Alger mérite réflexion et considération et non une remise en cause. Nous soutenons toutes les démarches légales qui vont dans l’intérêt du groupe El Khabar”.