Les journalistes algériens, autres victimes du zèle de la sécurité rwandaise

Les journalistes algériens, autres victimes du zèle  de la sécurité rwandaise

Décidément, le Rwanda est un pays très à cheval concernant la sécurité. Trop même parfois, jusqu’à l’excès. Après que le staff technique national eut été empêché d’entrer samedi au stade Almahoro jusqu’à ce que le président rwandais, Paul Kagame, ait quitté une salle adjacente au stade où il donnait une conférence, ce sont les journalistes algériens qui ont fait, hier, les frais du dispositif de sécurité draconien mis en place au stade. En effet, les représentants des médias algériens, qui se sont présentés à la porte de l’Almahoro, deux heures avant le coup d’envoi, ont été empêchés d’accéder au stade sous prétexte que personne ne peut entrer avant que le président Kagame ne soit à l’intérieur.

On leur a exigé de laisser dehors leurs téléphones mobiles



Ils ont été confinés dehors durant près d’une heure, puis ont bruyamment protesté pour exiger qu’on les fasse entrer afin qu’ils commencent à travailler. Ils ont cité, aux responsables de la sécurité, des exemples de pays et stades où ils ont travaillé sans aucun problème et sans qu’il y ait ce préalable farfelu de voir le Président du pays être le premier à accéder au stade. Après moult palabres, le responsable de la sécurité a consenti à laisser entrer les journalistes algériens mais à condition qu’ils ne prennent pas avec eux leurs téléphones mobiles. Evidemment, cela a été catégoriquement refusé. D’abord, pour le principe car il n’est pas admissible de priver des gens de leurs téléphones personnels sans motif valable. Ensuite, les mobiles sont des outils de travail pour les représentants des médias, surtout le fait qu’il n’y a pas internet sans fil dans le stade. Il a fallu «gueuler» pour que les responsables rwandais renoncent à leur préalable.

L’ambassadeur a refusé catégoriquement d’être fouillé

Le plus aberrant est que même Son Excellence l’Ambassadeur d’Algérie en Ouganda, Abderrahmane Benmokhtar, a été empêché d’entrer dans un premier temps, au motif que le portique de sécurité (scanner) n’était pas encore installé à l’entrée de la tribune officielle. Scandalisé, il a dit à ses interlocuteurs qu’il était ambassadeur, donc, un officiel, et que, par conséquent, il ne devait pas être soumis au portique et à la fouille. Devant l’entêtement des agents rwandais, il s’est mis à crier lui aussi. Constatant que le ton était monté, le responsable de la sécurité a consenti à le laisser entrer, ainsi que ses accompagnateurs.

Le bus des Verts  a dû faire le tour du stade pour entrer

Même les supporters rwandais – pas nombreux, il faut le souligner – n’ont été autorisés à rejoindre les gradins qu’à partir de 14h10 heure locale (13h10 heure algérienne), soit à un peu plus  d’une heure avant le coup d’envoi. Le bus transportant les Algériens a dû faire tout le tour du stade pour y pénétrer, le portail principal lui ayant été interdit. L’aspect sécuritaire reste une obsession au Rwanda, surtout lorsqu’il s’agit du chef de l’Etat. Or, ce dernier est arrivé au stade alors que le match avait déjà débuté. Si on suivait la logique des services de sécurité rwandais, les journalistes n’auraient pas assisté au début de la partie !