Pour les diplômés universitaires, il est difficile de décrocher un emploi conforme à la spécificité des études accomplies.
Devant cette situation, les concernés se trouvent contraints d’opter pour des «occupations temporaires», en attendant mieux. Si certains diplômés préfèrent exercer des métiers manuels afin de garantir un revenu stable et régulier, d’autres , en revanche, choisissent un créneau nouveau et «prometteur» : délégué commercial. Un créneau qui offre, ces derniers temps, de grandes possibilités de recrutement.
Dans les organes de presse nationale et les sites spécialisés, des dizaines d’annonces sont publiées quotidiennement au texte presque identique : «Entreprise en pleine extension recrute des délégués commerciaux dans l’immédiat, salaire motivant et possibilités d’évolution.»
Cette fonction n’exige pas de compétences particulières. Il suffit, en effet, de maîtriser le français et d’être disposé à se déplacer. Toutefois, les postulants sont appelés à faire preuve de grandes aptitudes en matière de négociation et de commercialisation. En un mot, ils doivent être convaincants avec les clients. Les conditions de recrutement sont parfois revues à la baisse, en raison du nombre peu important des jeunes qui optent pour ce métier par rapport à l’offre.
La mission est claire dès le début ; vendre la plus grande quantité possible des produits proposés par l’entreprise en question.
Afin de motiver les employés, certaines boîtes offrent, en sus d’une mensualité, un certain pourcentage sur chaque produit écoulé.
Et comme la plupart des diplômés universitaires n’ont pas le choix, ils exercent dans ce domaine où on trouve des diplômés dans diverses spécialités, qui n’ont parfois aucun lien avec le commerce. «L’Algérie est devenue un grand bazar et il ne reste aux jeunes qu’à travailler dans des sociétés de commercialisation, qui sont, en effet, des sous-traitants des barons de l’importation.
Avec mon diplôme d’ingénieur en électromécanique, j’aurais souhaité exercer dans une grande usine, mais malheureusement l’industrie mécanique est pratiquement inexistante», souligne Hassan, la trentaine, qui est, depuis six mois, délégué commercial auprès d’une grande marque de parfums. Comme lui des milliers de jeunes chômeurs ont trouvé refuge dans un métier qui ne leur garantit, il faut le dire, aucun avenir.
Car les délégués commerciaux, bien qu’exposés aux risques notamment lors des déplacements, ne sont, pour la plupart, pas déclarés à la sécurité sociale. Les patrons leur imposent de passer une longue période d’essai, promettant de leur accorder des contrats de travail si l’essai s’avère concluant. Toutefois, au bout de quelques semaines, ils remercient froidement les concernés en évoquant des arguments qui ne tiennent pas la route.
Ils disent à leurs employés que le marché est saturé en cette période et que les ventes ne cessent de baisser pour conclure leur «explication» par une promesse, encore une autre, de leur faire appel une fois que la situation se sera améliorée. Habitués à une telle précarité, les jeunes Algériens ont fini par considérer le métier comme un simple… passe-temps.
M.F