Les jeunes, otages d’une mauvaise gestion du social !

Les jeunes, otages d’une mauvaise gestion du social !
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De la perception d’incompétence et de corruption

Outre la série d’émeutes et de marches, les grèves, sit-in et autres mouvements de protestation se sont multipliés au cours de ces dernières semaines. Médecins, personnel paramédical, étudiants, fonctionnaires, salariés dans différents secteurs, postulants au logement aidé manifestent quotidiennement leur colère, ce qui dénote un malaise profond vécu par de larges franges de la population, dans un contexte de printemps des libertés en Afrique du Nord qui n’a, jusqu’à présent, pas fortement inspiré nos gouvernants.

En effet, au moment où le vent de révolte souffle sur la région, les pouvoirs publics, face à cette inflation de revendications, répondent, soit par le silence, soit par la provocation. En tout cas pas par des solutions adéquates qui apaisent le front social. Sur nombre de questions, comme l’accès à l’emploi, au logement, les autorités adoptent des plans qui ne règlent pas de façon structurelle les tensions, en dépit d’une aisance financière sans précédent dans l’histoire économique de l’Algérie post-indépendante.

En particulier, à la suite d’un éminent économiste, les pouvoirs publics n’adoptent pas souvent le principe des 3 D, diagnostic, dialogue et décision pour solutionner ces problèmes. La seconde étape est carrément négligée, d’où des mesures actuellement fortement controversées.

Il est clair que l’État a besoin sérieusement d’améliorer sa gouvernance particulièrement du social qui consiste entre autres à anticiper les conflits.

À cet égard, des membres de la diaspora ont cité plusieurs facteurs qui n’incitent pas à leur retour au pays, voire à l’implantation de leurs entreprises en Algérie : la qualité de l’enseignement, l’efficacité du système de santé, la bureaucratie, les services bancaires, la chaîne logistique et même la prise en charge des questions environnementales. En somme, on enregistre des prestations médiocres teintées parfois d’odeur de corruption ou de népotisme que les citoyens dénoncent au quotidien sans réaction des autorités qui se complaisent souvent dans un mur de silence. À tel point que ces derniers n’hésitent pas à employer le mot incompétence, ou à pointer du doigt des auxiliaires de la République considérés comme corrompus ou plus portés sur la satisfaction de leurs intérêts personnels ou sur la répartition de la rente.

Paradoxalement, face à l’élargissement des mouvements de protestation, les pouvoirs publics hésitent à mettre en œuvre les réformes indispensables pour le maintien durable de la paix sociale : un dialogue permanent, y compris avec les syndicats indépendants représentatifs de la corporation ou du corps de métier ; un système salarial et de motivation des ressources humaines arrimé à la productivité et la performance ; des investissements dans la qualité de l’enseignement et non uniquement comme par le passé dans la quantité : infrastructures et nombre d’enseignants ; un appareil de formation adapté aux besoins du marché du travail ; la modernisation de l’administration et son corollaire l’efficacité de ses services ; la réorientation de la politique économique vers l’appui tous azimuts à l’entreprise de production, particulièrement privée, la principale source de création d’emplois et de richesses.

De grands chantiers sont donc à mener sans lesquels il faut s’attendre à une instabilité sociale fort coûteuse pour l’économie nationale et à un profond malaise des Algériens devant les injustices et les inégalités, entretenu par une attitude passive des gouvernants face à la montée des problèmes. Une situation en somme confuse qui annonce de nouveaux cycles de violence.

K. R.