Les jeunes Algériens seront très nombreux à réveillonner à la maison, non parce qu’ils manquent de façon de faire la fête, mais faute de moyens et de destinations adéquates locales.
Comment les jeunes algériens comptent-ils passer les fêtes de fin d’année ? Cette question ne se pose que pour une minorité de jeunes. Pour la majorité des autres, cette question ne se pose pas, faute d’argent et de destination locale qui propose des services à des prix raisonnables, les jeunes se trouvent dans l’obligation de réveillonner à la maison.
«Les fêtes coûtent toujours cher en Algérie» répondent certains. Pour d’autres, ce ne sont pas seulement les moyens financiers qui posent problème pour ce genre d’occasions mais aussi le manque d’infrastructures et de destinations locales. Comme la saison estivale, la fête de fin d’année remet à chaque fois en question les insuffisances du secteur du tourisme ainsi que l’éternelle déraisonnable politique des tarifs qui ne se conjuguent jamais avec la prestation. Entre les réunions de familles, les soirées entre amis, les voyages à l’étranger, vers l’intérieur ou le Sud, les jeunes sont unanimes à opter pour le réveillon en famille, «faute de mieux».
En effet, seul, avec amis ou en famille, l’Algérie n’offre pas l’évasion dont rêvent ces jeunes, c’est pourquoi d’ailleurs, beaucoup de jeunes qui ont les moyens de se payer un séjour à l’étranger, notamment la Tunisie, le Maroc, la Turquie, préfèrent partir réveillonner à l’extérieur. Boubkeur, commerçant, 35 ans, adepte des fêtes de fin d’année à l’étranger nous répondra avoir choisi le Maroc cette année : «Cela fait huit ans que je passe le réveillon à l’étranger, dans plusieurs pays. Je continuerais à le faire tant que mon budget le permet. Car je ne trouve pas de satisfaction en Algérie. Je changerai d’avis le jour où le climat sera favorable ici. Quand les tarifs des prestations de service seront bien étudiés…». Par ailleurs, ce choix ne représente qu’une minorité des jeunes car les déplacements coûteront cher pour ceux n’ayant pas les moyens. Les tarifs des destinations les plus convoitées par les Algériens, Maroc, Turquie, Tunisie, France, Dubaï oscillent entre 20 000 et 80 000 DA. Les tarifs sont variés, mais la faiblesse du pouvoir d’achat est dominante et ne permet pas aux jeunes algériens de se payer le luxe d’un voyage à la fin de l’année. Toutefois, les idées économiques ne manquent pas auprès des jeunes souhaitant changer de rythme et achever l’année dans une bonne ambiance. Beaucoup de jeunes louent des appartements pour se retrouver entre amis, comme nous le raconte Samy, étudiant à Boumerdès : «Cette année nous avons demandé à un ami d’Oran de nous dénicher un appartement pour le week-end prochain.
Mes amis sont de plusieurs wilayas : Boumerdès, Béjaïa, Alger, Tizi-Ouzou, Oran. Chaque année on fête le réveillon dans une wilaya différente. Ça nous revient moins cher et nous passons toujours de bons moments». Le Sud est aussi une destination convoitée par les jeunes mais vu la cherté des billets ainsi que l’incapacité des hôtels à répondre à la demande nous empêchent de nous y rendre. A titre d’exemple, un séjour de deux jours dans la wilaya de Ghardaïa est à plus de 40 000 Da. À cet effet, la fête aura lieu à la maison pour la majorité écrasante. Ce qui est d’ailleurs très pratique selon certains : «Nous avons l’habitude de programmer en famille et c’est sympathique et plus tranquille. De plus, c’est bénéfique pour les budgets…», explique Lamia. D’autres estiment que ce c’est la vie moderne, elle-même, qui exige les fêtes familiales. «C’est une occasion de se retrouver en famille car nous n’avons plus le temps de nous réunir souvent…», explique Nassim.
Ainsi, si les recettes des agences de voyages sont revues à la baisse cette année, ce ne serait pas la faute aux fêtes à la maison mais plutôt aux offres de fin d’année qui ne sont pas alléchantes.
Par Yasmine Ayadi