C’est devenu une mode, un symbole d’attachement et d’adaptation aux nouvelles technologies. Les jeunes Algériens semblent incapables de se séparer des écouteurs et kits oreillettes et passent la majeure partie de leur temps à écouter de la musique.
Depuis la généralisation des Technologies de l’information et de la communication (TIC), notamment l’Internet et la téléphonie mobile, ces jeunes sont souvent «collés» à ces outils qui, du reste, les déconnectent de la réalité. Il est vrai que la musique attire de plus en plus les concernés, mais ces derniers estiment que brancher les écouteurs les met également à l’abri du brouhaha de la rue. «Avec la musique, nous nous amusons pleinement et nous nous écartons des discussions inutiles et des querelles. A vrai dire, les écouteurs nous offrent la paix de l’esprit», disent des élèves rencontrés à la sortie d’un CEM à la place du 1er-Mai, à Alger. A peine le portail de l’établissement scolaire franchi, chacun place des écouteurs dans ses oreilles et met de la musique. Ce sont, en réalité, des copains de classe, ils marchent ensemble, mais presque personne n’adresse la parole à l’autre. «Lady Gaga est ma meilleure compagnie. Je vis pratiquement tout le temps avec elle, je l’écoute et ses chansons me soulagent énormément», se vante un des élèves, avant d’inviter ses amis, d’un geste de la main, à aller prendre des pizzas au fast-food du coin. Au niveau des arrêts de transport universitaire, du côté du marché Ali-Mellah, le «décor» est le même. Des étudiants en attente des fameux bus de couleur orange sont, eux aussi, branchés à leurs casques et écouteurs. «Moi, je suis un auditeur fidèle à une émission radiophonique que je ne rate jamais, sauf en cas d’examen. Le reste du temps, j’écoute de la musique occidentale», lance Amine, étudiant en lettres anglaises. «On ne peut pas se passer de musique. C’est en réalité une sorte de drogue qui nous fait oublier, en partie, les vicissitudes et les tourments de notre quotidien», intervient Lila, étudiante à la faculté des sciences économiques de Dély Ibrahim. Mais ces jeunes sont-ils conscients des répercussions nocives de cette exposition prolongée à la pollution sonore ? Mesurent-ils le poids réel du danger ? Ont-ils été sensibilisés quant à cette habitude préjudiciable… ? Ce sont autant de questions qui n’ont pas droit de cité chez ces jeunes férus de «bruit». Si les universitaires affirment être au courant des effets à long terme de ce phénomène, ils estiment, en outre, que cela n’est pas à même de leur faire changer d’avis.
«C’est vrai que certaines études ont conclu que les écouteurs sont néfastes à l’ouïe, mais il s’agit de théories non encore confirmées. Et puis, on a les week-ends pour se reposer», argumentent les deux étudiants, s’estimant à l’abri de toute mauvaise surprise. Quant aux élèves, ils sont carrément «hors champ» et indiquent que la musique n’a que des effets «amusants». Ne se posant pas trop de questions, ces jeunes se divertissent, donc, pleinement, ignorant que cette dépendance peut se retourner contre leur santé. «Pour le moment, tout va bien. Et demain sera un autre jour», ironise Samir, lycéen. Sans commentaire.
A.H
