Un basculement qui devrait marquer les jeunes générations au-delà de leurs jeunes années.
La sécularisation (laïcisation), qui touchait autrefois pratiquement les enfants d’émigrés originaires de pays musulmans, notamment l’Algérie, a fait marche arrière en France, a constaté hier la démographe Michèle Tribalat, soulignant que les jeunes musulmans deviennent de plus en plus «musulmans pratiquants».
Il y a bien un retour vers l’islam parmi les plus jeunes, a-t-elle soutenu dans une analyse publiée par la presse, soulignant que la sécularisation, qui touchait autrefois pratiquement autant les enfants d’immigrés originaires de pays musulmans (l’Algérie principalement) que les natifs au carré (de souche), a fait marche arrière au fil des générations chez les premiers alors qu’elle s’est approfondie chez les derniers et les enfants d’émigrés européens. L’auteure du livre «Assimilation: la fin du modèle français», (éditions du Toucan, 2013), a expliqué que cette désécularisation touche tous les contextes sociaux, mais plus encore ceux qui sont les plus défavorisés.
Elle a mis en relief le fait que c’est là que les musulmans sont les plus nombreux et que la pression sociale qui s’exerce, par eux et sur eux, est sans doute la plus forte. La démographe pense que l’on n’assiste pas à un mouvement passager qui devrait s’effacer avec l’âge, mais à un basculement qui devrait marquer les jeunes générations au-delà de leurs jeunes années, soulignant que cette désécularisation a du mal à être perçue pour ce qu’elle est dans une société qui a eu tendance à penser la sécularisation comme le progrès, le cours inexorable de l’histoire. Elle fait observer à cet effet que ce sont les plus jeunes qui se tournent en masse vers la religion, refusant de croire à un avenir du modèle d’assimilation français.

Se basant sur une enquête, la démographe indique qu’en France, en moyenne et dans les populations d’origine européenne, la sécularisation a progressé au fil de la vie, mais aussi d’une génération à l’autre, citant l’exemple des Français d’origine portugaise qui sont les plus attachés à la religion. Mais pour les personnes nées en France d’origine algérienne, ils sont deux fois moins nombreux à se déclarer sans religion, et même près de trois fois moins chez les jeunes femmes. En ce qui concerne les enfants de couples mixtes formés d’un émigré algérien et d’un natif, qui autrefois avaient un niveau de sécularisation beaucoup plus élevé, Michèle Tribalat affirme que ce n’est plus aussi vrai aujourd’hui.