Les jeunes chômeurs de plus en plus dépités L’ANEM, antichambre d’espoir ou d’illusion ?

Les jeunes chômeurs de plus en plus dépités L’ANEM, antichambre d’espoir ou d’illusion ?
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Il est 8h00 du matin, devant l’agence de l’ANEM, à Gambetta, c’est le branle bas de combat car des centaines de jeunes sont là, agglutinés devant l’entrée, depuis plus d’une heure et parfois même depuis les premières heures de la matinée, à attendre que les portes s’ouvrent afin qu’ils puissent tenter de retirer le fameux sésame qui leur permettra tout simplement d’espérer, sans plus.

Des centaines de jeunes et moins jeunes, diplômés universitaires, architectes, ingénieurs, techniciens supérieurs, jeunes sortis des grandes écoles ou instituts, ou tout simplement des personnes sans réels diplômes, titres ou qualifications, viennent de bon matin pour faire une première fois la chaîne dans le but de bénéficier d’une chance qui leur permette d’accéder à l’intérieur de ladite agence.

En effet, vu le nombre important de demandeurs de la fameuse « carte bleue » qui ne cesse de gonfler tous les jours, l’ANEM a mis en place un dispositif pour réguler la forte demande. Pour cela, les candidats, s’ils veulent espérer êtres parmi les heureux élus, devront impérativement faire la chaîne très tôt, soit à partir de 6h00.

Là, deux agents de sécurité commencent à remettre de petits bons sur lesquels sont apposés des numéros de série, au fur et à mesure que les demandeurs viennent, tout en leur retenant la CIN. Il ne sera remis que 150 tickets par jour lorsque ce n’est pas bien moins.

LG Algérie

C’est justement là que le problème se pose puisque des centaines de demandeurs pour ne pas dire, le millier, se retrouvent tous les jours, sans possibilité d’accès à la carte bleue.

Mais comment faire pour fuir le chômage ?

A partir de 8h, heure d’ouverture des portes, un agent de l’ANEM se charge, dès lors, d’effectuer l’appel en direction des candidats, qui font la queue dehors, dans le froid en hiver et en pleine canicule en été.

Les chômeurs sont appelés par trentaine qui, une fois dans le hall d’entrée, sont dispatchés par groupe de quatre ou cinq personnes par bureau. Les formalités de dépôts de dossier ne dépassent guère les cinq minutes durant lesquelles l’entretien entre l’agent de l’ANEM et le demandeur sera quasi restreint. Il faut savoir que la carte bleue a une durée de trois mois seulement et qu’elle est renouvelable au terme de ce délai.

Selon les informations que nous avons recueillies sur place auprès des demandeurs, il y aurait de plus en plus de personnes qui avaient déposé des dossiers auprès de la DAS et qui, ne voyant rien venir depuis plusieurs années, las d’attendre, se sont alors dirivaccantsgés vers l’ANEM, dans l’espoir de décrocher un boulot, m^me si la plupart disent ne pas trop espérer quelques chose de concret de la part de cette agence, non plus.

Selon eux, il ne peuvent en tout et pour tout qu’avoir accès au pré-emploi et que cette formule décourage plus qu’elle n’encourage, car selon les nombreuses expériences vécues par la plupart de leurs anciens camarades, rares sont ceux qui ont pu bénéficier, au bout d’une année que dure la période du pré-emploi, d’un emploi stable.

Il y a bien de nombreuses annonces d’offres d’emplois dans la presse, mais, en réalité très peu de suites favorables. pourtant l’état à insisté sur la mise en application de la circulaire n° 04-19, datant du 25 décembre 2004, portant obligation des entreprises et organismes privés ou étatiques à avoir recours aux services de cette même structure, pour tout recrutement de personnel.

Mais est-ce le cas ? Pas si sur, de l’avis de plusieurs jeunes diplômés que nous avons rencontrés.

Des récits et beaucoup de lassitude

Selon D.Abdelkader, ingénieur en génie mécanique, actuellement chauffeur de taxi : « Les entreprises et sociétés étatiques, émettent des annonces par le biais des journaux, mais lorsque l’on dépose nos dossiers, nous ne recevons pas d’avis favorables et parfois même aucune réponse.

Une fois, dans une entreprise nationale implanté à Arzew, alors que nous n’étions que deux candidats pour quatre postes vacants, nous avons été surpris d’apprendre que les postes étaient déjà pourvues. Souvent le m^me son de cloche que l’on entend à savoir que la place est déjà prise. J’ai même tenté du coté de l’ANSEIJ, mais rien du tout là aussi.

J’ai trop attendu sans rien voir venir, alors l’ANEM, la DAS ou l’ANSEIJ, pour moi c’est du pareil au même, ce ne sont que des boites aux lettres sans plus». Quant à B.Amel, 28ans, licenciée en droit, elle fera cette déclaration : « tous les trois mois je renouvelais ma carte bleue, mais depuis presque une année déjà, j’ai carrement laissé tomber. Après avoir décroché ma licence, j’ai attendu presque une année pour commencer à travailler.

J’ai débuté chez un avocat qui m’avait fait travailler comme remplaçante pour quelques mois car son associée était parti pour congé de maternité. Il me payait 6000DA par mois. Je ne m’en plaignait pas car je voulais surtout acquérir de l’expérience.

Après ce poste je n’ai cessé d’envoyer des dossier un peu partout en allant souvent à l’ANEM, mais sans grand espoir, même dans le pré-emploi. Finalement j’ai trouvé un boulot dans un quotidien arabophone comme correctrice et je gagne assez bien ma vie en attendant de trouver mieux. Mais, c’est grand espoir ». Et des réponses comme celles-ci nous en avons reçus des dizaines.

Il y en un même un jeune chômeur titulaire d’un diplôme de technicien supérieur en climatisation qui nous a dit qu’il pensait très sérieusement à la Harga et que ses parents étaient très inquiets pour lui à tel point que son père voulait s’endetter pour lui acheter une voiture afin qu’il puisse travailler comme taxieur ou clandestin et éviter de faire des folies.

Des contrats qui ne sont pas renouvellés

Aujourd’hui la plupart des demandeurs d’emploi, sont unanimes à dire que le pré emploi est une politique qui n’a pas réussi en Algérie. C’est le cas de ce jeune Oranais, qui dit avoir travaillé pendant un an dans une banque algérienne, dans le cadre du pré emploi et qui après avoir été exploité, finalement a vu son contrat ne pas être renouvelé.

De son coté, G.Mourad, 26ans, licencié en langues, dira attendre toujours la mise en application du versement promis, en faveur des jeunes universitaires diplômés au chômage, d’une rémunération de soutien, même s’il n’y croit pas tellement soutiendra-t-il.

Dans ce monde des chômeurs, tout porte à croire qu’entre espoir et désespoir il n’y a souvent que très peu de distance et l’ANEM représenterait en quelque sorte, pour tous ces milliers de citoyens qui aspirent à entrer dans le monde du travail, les deux faces d’une même pièce pour tous ces citoyens qui aspirent à entre dans le monde du travail, symbole avant tout de dignité et de confiance.

S.A.Tidjani