Les jeunes Algériens et le défi de la mort, La harga non-stop

Les jeunes Algériens et le défi de la mort, La harga non-stop

Les 45 jeunes, âgés de 20 à 35 ans et originaires d’Annaba, Constantine, Skikda et El Tarf sont partis de la plage Sidi Salem de Annaba dans la nuit du 6 au 7 décembre.

Encore une fois, la tragédie de la «harga» refait surface avec la disparition de quarante-cinq (45) jeunes qui ont opté pour la «harga» comme moyen d’aller vers l’autre rive de la méditerranée et voilà que leur fin n’est toujours pas connue puisqu’ils ont disparu en mer et probablement que certains auraient dérivé sur les côtes tunisiennes.

Il est à souligner que selon les premières informations, les 45 jeunes, âgés de 20 à 35 ans et originaires d’Annaba, Constantine, Skikda et El Tarf sont partis de la plage Sidi Salem de Annaba dans la nuit du 6 au 7 décembre dans l’espoir d’atteindre les côtes italiennes de la Sardaigne.

Et depuis, les parents de quelques «victimes» ont signalé la disparition de leurs prohes. Toutefois, une cellule de crise a été installée. Dans ce cadre, il est rapporté que «deux embarcations ont dérivé et échoué sur une plage tunisienne où 30 passagers auraient été interceptés par les services tunisiens de sécurité, hier».

Avec cette nouvelle tragédie, il est inévitable de dire que rien n’arrête «la harga», puisque les jeunes algériens sont prêts à être pénalisés et mourir de leur plein gré.

Et de leur côté, les pouvoirs publics n’ont toujours pas trouvé le vrai remède pour mettre fin à ce fléau, car ni criminalisation ni surveillance des côtes n’ont pu au moins diminué ce phénomène. Et même les différents programmes lancés dans le cadre de l’insertion professionnelle n’ont pas tenté quelques jeunes qui voient dans l’occident «le paradis».

Si on revient à un petit historique du phénomène de la harga en Algérie, il est indiqué que celui-ci a fait son apparition en 2006 dans l’ouest algérien, plus proche des côtes espagnoles, et a pris une ampleur anormale. Et depuis le début de 2009, 42 cadavres de jeunes ont été repêchés en haute mer, d’autres ont échoué sur les plages oranaises.

Il est à rappeler qu’en matière de statistiques, depuis juin 2009, 222 candidats à l’émigration clandestine ont été interceptés au large de Annaba. Concernant la répartition géographique de ce phénomène, d’après des statistiques officielles, «les harraga sont à 66% originaires de l’ouest algérien, et 33% de l’Est».

Face à ce phénomène, le gouvernement algérien avait introduit dans le cadre du code pénal, en 2008, la criminalisation de ceux qui quittent le territoire national d’une manière illégale.

La loi en question évoque les infractions aux lois et règlements relatives à la sortie du territoire national. A ce propos, «l’article 175 bis prévoit une peine d’emprisonnement de 2 à 6 mois et d’une amende de 20 000 à 60 000 DA ou l’une de ces deux peines seulement à l’encontre de tout Algérien ou étranger résidant qui quitte le territoire national de manière illégale».

D’autre part, il y a deux ans, le président Bouteflika avait ordonné au gouvernement d’installer une commission pour examiner le phénomène de la harga afin de trouver les solutions mais depuis rien n’a été rendu public, alors que rien n’arrête ces jeunes qui veulent à tout prix s’exiler. Par ailleurs, dans le rapport qu’elle soumettra prochainement au président Bouteflika, la commission consultative et de la promotion de droits de l’homme, dénonce la criminalisation de l’acte de la «harga».

Et bien avant, il y a quelques jours M.Ksentini a relevé des lacunes concernant les droits sociaux des jeunes algériens notamment, l’accès à l’emploi et au logement. Un constat qui est déjà connu mais qui a remis en cause la gestion des préoccupations de la jeunesse algérienne, dont quelques-uns ont trouvé refuge dans la «harga» comme une solution à leurs besoins. Ceci dit, ce phénomène ne concerne pas seulement les chômeurs ou ceux qui ont raté leurs carrières scolaires.

Nacera Chenafi