La campagne électorale entamera demain sa dernière semaine, après des premiers jours mornes et sans éclat. Un des points de critiques les plus notables de ces derniers jours aura été la guerre ouverte entre les islamistes regroupés dans l’«Alliance de l’Algérie verte», conglomérat des trois partis, le MSP, Ennahda et El- Islah, et le chef du RND et actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia.
Largement hégémoniques à l’est du pays, où ils ont concentré toutes leurs forces, les islamistes usent, aujourd’hui, d’un discours «musclé », se posant comme les inéluctables vainqueurs des législatives. Une des cibles privilégiées est le chef du RND, lequel prend les «grosses vagues vertes de face». Toutefois, connaissant ses adversaires, qu’il qualifie de «fatigués » et d’être «à bout de souffle», il rend coup pour coup et, parfois, en donne plus.
Très actifs à l’Est, les candidats de l’«Alliance verte» concentrent leurs tirs sur la gestion du gouvernement, et plus précisément, sur le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui se trouve être le chef du RDN. Pour les candidats islamistes, Ouyahia, c’est à la fois un juge et un concurrent, et qui ne peut être ni honnête, ni crédible.
En termes clairs, pour les islamistes issus de l’alliance des trois partis, le changement politique passe par le départ d’hommes comme Ahmed Ouyahia. Les allusions lancées, lors de leurs premiers discours par Bouguerra Soltani, Fatah Rebaï et Arezki Akkouchi sont claires, à peine nuancées, lorsqu’ils s’attaquent à la «gestion catastrophique des affaires de l’État», ou aux clans «pro-français», aux «milieux d’affaires qui ont laminé le pays par le fondement », ou encore en parlant des «apparatchiks qui privilégient le statu quo en Algérie ».
Depuis son départ de la Coalition présidentielle, Bouguerra Soltani ne rate pas une seule occasion pour tirer à boulets rouges sur Ahmed Ouyahia, entraînant dans son sillage ses deux compagnons de l’alliance, Fatah Rebaï et Arezki Akkouchi, qui usent depuis lors de la même sémantique.
Calme, flegmatique, comme à son habitude, Ahmed Ouyahia, en meeting pour le RND sait placer la répartie à la hauteur de ses adversaires, qu’il traite d’«essoufflés» et «à bout d’arguments». Il a notamment mis en garde contre la poussée de l’islamisme wahabite, coupable, selon Ouyahia, de tous les maux en Algérie, et coupable surtout de travestir la religion à des fins politiques.
La position inconfortable d’Ouyahia – chef d’un gouvernement que tous les partis critiquent et cherchent à changer, dès le 11 mai -, ne lui laissent que peu de marges de manoeuvres pour la riposte. Mais les années passées dans les rouages de l’État ont fait que l’homme sait attaquer parfaitement les «parties sensibles» de ses adversaires…
Fayçal Oukaci