Les islamistes pourraient boycotter les élections locales en Algérie

Les islamistes pourraient boycotter les élections locales en Algérie

Plusieurs partis islamistes algériens affirment qu’ils ne présenteront pas de candidats aux élections locales après le revers électoral subi lors du scrutin législatif.

Après la sévère défaite subie lors des élections législatives de cette année, les partis islamistes en Algérie affichent un manque d’enthousiasme peu habituel avant les élections locales du 29 novembre.

L’Alliance pour l’Algérie verte, qui regroupe le Mouvement pour une société de la paix (MSP), Ennahda et al-Islah, avait remporté 48 des 462 sièges à l’Assemblée populaire nationale lors du scrutin du 10 mai. Ce revers inattendu a porté un coup à son enthousiasme électoral.

Lors d’une conférence de presse organisée mi-septembre au siège du Front pour la justice et la démocratie (FJD) à Alger, le secrétaire général du parti, Saad Abdallah Djaballah, l’une des figures de proue de la mouvance islamiste en Algérie, a confirmé que son parti ne participera pas à ces élections.

Le président du Front de l’Algérie nouvelle (FAN), Djamel Benabdeslam, fait quant à lui durer le suspens. Le 14 septembre, il a annoncé que la décision concernant la participation ou non de son parti à ces élections locales sera prise lors du conseil national de sa formation.

La situation actuelle, a-t-il dit, « n’est pas en faveur de notre participation aux élections, notamment sous un pouvoir en lequel nous n’avons pas confiance ».

Le Front pour le changement (FC) dirigé par Abdelmadjid Menasra boycottera pour sa part le scrutin du 29 novembre. La décision en a été prise après une large consultation avec la base du parti et au sein de ses instances. Le verdict est clair : « Il y a une quasi-unanimité dans le parti en faveur du boycott », a commenté Idriss Rebouh, le chargé de la communication du FC.

« Ces élections sont organisées par les mêmes partis qui ont piétiné la volonté du peuple et falsifié les résultats des législatives », a-t-il déclaré avec indignation.

Pour sa part, le secrétaire général du MSP, Bouguerra Soltani, reste indécis quant à la participation de son parti. Après avoir appelé à « sortir de la notion de la commune-administration pour une commune élue par le peuple en toute liberté et en toute démocratie », Soltani a menacé de « se retirer des prochaines élections si les partis participants n’arrivaient pas à obtenir des listes électorales complètes ».

Face à cette défection des partis islamistes, ce sont les partis dit laïcs qui devraient s’imposer à l’issue de ce scrutin. De ce fait, c’est toute une nouvelle configuration du paysage politique algérien qui se dessinera à l’issue de ces élections.

Après avoir boycotté le scrutin législatif en mai, le rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a décidé de participer à ces élections locales.

Ali Laskri, premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), un parti lui aussi laïc, a annoncé le 8 septembre que son parti se présentera à ces élections pour poursuivre sa campagne en faveur de « l’instauration de la culture de la paix et du dialogue pacifique ».

« Il s’agit de militer contre cette culture de la violence à laquelle recourent aujourd’hui les citoyens pour revendiquer leurs droits », a-t-il souligné.

Il a demandé aux Algériens, et aux femmes en particulier, de s’inscrire sur les listes électorales « s’ils veulent le changement pacifique » et s’ils entendent « consacrer cette alternative démocratique réelle que représente le FFS ».

L’opinion publique semble divisée sur la question. « Ce n’est pas une bonne nouvelle, même si cela fait l’affaire des autres tendances politiques en Algérie », a commenté Sidali Hamid Cheurfa, professeur de sciences politiques et de relations internationales à l’université d’Alger.

« C’est toute la démarche d’intégrer le courant islamiste dans le processus électoral qui tombe à l’eau », a-t-il ajouté.

Pour Ouakrif Ali, militant démocrate, les islamistes sont d’autant plus dangereux « qu’ils ont à leur disposition des milliers de mosquées dans lesquelles ils peuvent endoctriner et vendre du rêve aux jeunes par l’instrumentalisation de la religion. »