Les islamistes en rangs dispersés

Les islamistes en rangs dispersés

Minés par une «ambition» démesurée, et prisonniers d’un égoïsme qui leur semble insurmontable, les partis se revendiquant de la mouvance «islamiste» n’arrivent pas à accorder leurs violons, échouant même à trouver un consensus pour la date de la tenue d’un rassemblement.

Mise en échec par cette mouvance elle-même, la rencontre à laquelle avait appelé Abdallah Djaballah, leader du Front pour la justice et le développement (FJD) et qui devait se tenir le 1er août, illustre la mésentente entre les «leaders islamistes». Des parties se revendiquant de cette mouvance avaient exprimé leur refus de participer à cette réunion, accusant Abdallah Djaballah de se mettre dans la course au leadership. Ce dernier est revenu à la charge en appelant à une rencontre les 19, 20 et 21 août dans la wilaya d’El Tarf. Le fiasco est, cette fois, annoncé autrement. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), de Abderrezak Mokri, organise de son côté son université d’été à Bordj El Kiffan, presque simultanément avec la rencontre à laquelle a appelé Djaballah. Cette université d’été aura lieu le 23 du mois en cours.


«Faire de l’ombre» à l’adversaire politique

Quant à lui, le Front du changement, de Abdelmadjid Menasra, fait à son tour de l’ombre au parti politique de Mokri en organisant son université d’été, le même jour, dans la wilaya de Boumerdès. Les «leaders islamistes» semblent ne pas se suffire à se mettre en désaccord pour ce qui est du choix d’une date commune pour la tenue d’une rencontre censée «rassembler les islamistes», mais s’engagent dans une «guerre de leadership».

Chacun de ces leaders refuse de se mettre sous l’autorité de l’autre, ne serait-ce que le temps d’un meeting. Mieux, chacun de ces «leaders» accuse l’autre de vouloir accaparer le leadership de cette mouvance. Difficile de croire, avec de tels faits, que ceux qui s’autoproclament «leaders islamistes» œuvrent pour la réussite de cette mouvance puisqu’aucun d’eux n’accepte de faire des «concessions», mettant son ambition politique avant tout autre considération. Partis en rangs dispersés et faisant de leur ambition leur souci premier, ces «leaders» expliquent de par leurs divergences politiques la chute de la mouvance dite «islamiste» dans de récentes élections. Certains partis de cette mouvance ont davantage perdu leur affiliation à des courants «islamistes» internationaux et payé pour des événements internationaux quand ils ont tenté de faire une projection de l’actualité internationale en Algérie. Un de ces événements est la situation en Syrie.

Certains «islamistes» en Algérie ont exprimé leur soutien à des mouvances en Syrie qualifiées de terroristes. Ces partis engagés dans l’«internationale islamiste» se sont crus contraints de se solidariser avec des mouvances impliquées dans le terrorisme en Syrie, en Irak et ailleurs. Le gouffre séparant l’opinion publique nationale et ces partis s’est élargi et peut influer sur les prochaines élections en Algérie. Une réalité comprise par les partis de la mouvance dite «islamiste» qui tentent de contourner cette situation en faisant alliance. Cette alternative a échoué face à «la guerre de leadership» qui oppose les leaders de cette mouvance aujourd’hui plus que jamais dispersée.

Mounir Abi