Les islamistes sont en pointe pour dénoncer le caractère prétendument illicite de l’acquisition de logement par la formule de la location-vente (AADL). Ce serait de l’usure, selon eux, malgré un avis favorable du Conseil scientifique du ministère des affaires religieuses.
En réalité, ils font dans la fameuse formule hypocrite de « haram pour les autres mais hallal pour nous ». Et c’est l’ancien ministre des affaires religieuses, Bouabdalalh Ghlamallah qui le relève avec une certaine ironie dans un entretien au journal Echourouk.
Les islamistes, observe-t-il, prétendent interdire aux gens d’acquérir un logement par la formule location-vente, AADL, au nom de la réprobation de l’usure alors qu’eux-mêmes importent des containers en passant par les banques.
Le thème de la licéité ou non des logements AADL est une source permanente de polémique. De nombreux algériens qui ont pris option pour cette formule sont troublés par les déclarations des religieux, salafistes notamment, qui classent la formule AADL dans la catégorie des pratiques usuraires prohibées par l’islam.

Le Conseil scientifique relevant du ministère des affaires religieuses a pris en charge la question en soulignant que la formule ne posait pas de problème du point de vue religieux. Il suggérait cependant pour lever « les doutes » et les « équivoques » d’en changer la dénomination.
Au lieu de « location-vente » qui comporte selon eux l’idée de l’existence de « deux transactions en une », susceptible d’être une pratique usuraire, ils ont prôné d’utiliser l’expression « vente par facilité de paiement ».
La fatwa sur l’AADL, comme d’ailleurs sur le don d’organes – qui était censée mettre fin aux polémiques a continué à être contestée par des salafistes mais aussi par certains membres du Conseil scientifique, dont l’un de ses vice-présidents, Ali Aya.
L’ancien ministre des affaires religieuses, Bouabdallah Ghlamallah
Les islamistes importent et payent des commissions aux banques
L’ancien ministre des affaires religieuses estime que les religieux qui disent que l’acquisition d’un logement AADL n’est pas licite expriment qu’un « point de vue ». Mais leur avis n’enlève en rien à la liberté des citoyens algériens de suivre les autres avis.
« Ce n’est pas une question de fatwa. Les citoyens cherchent à savoir si la transaction pose problème ou non. Le Conseil scientifique des affaires religieuses a dit qu’il n’y avait pas de problème, certains fouqahas ont dit que cela n’était pas licite. C’est un point de vue. Mais les citoyens sont libres de choisir ».
Boualem Ghlamallah va cependant plus loin en estimant que nul ne peut empêcher un citoyen de recourir à un crédit avec intérêt – qualifié d’usure par certains – du moment que la loi le permet.L’ancien ministre ironise d’ailleurs sur le fait que les islamistes qui interdisent aux autres ce qu’ils se permettent au « nom de la nécessité ».
« Beaucoup de containers qui rentrent chaque jour au pays appartiennent à des islamistes et la plupart sont membres de partis islamistes. En tant que citoyens, ils traitent (avec ce qui existe) car ils n’ont pas d’autres choix. C’est une réalité », relève-t-il.
« Quand on voit la liste des importateurs de toutes tendances, ils font leurs transactions par le biais de la banque et ils lui versent une commission. Certains l’appellent commission, d’autres la nomment usure. Comment peut-on interdire aux autres d’acquérir un logement alors qu’on se permet à soi-même de faire de l’usure ? » s’interroge l’ancien ministre des affaires religieuses.
Les nécessités suppriment les interdits! Cette règle, les islamistes qui font dans le gros commerce l’appliquent pour eux mais ont tendance à vouloir l’interdire pour ceux qui veulent simplement avoir un logement.